Une plateforme téléphonique d'écoute déployée pour les victimes d'inceste
Les accusations d'inceste à l'encontre d'Olivier Duhamel par Camille Kouchner, au début de l'année, ont libéré la parole et l'écoute autour de ce fléau. Aujourd'hui, la commission gouvernementale créée dans la foulée lance une plateforme téléphonique d'écoute pour les victimes. Objectif : mieux prendre la mesure du phénomène.
Cela a été l'une des déflagrations de l'année 2021. Début janvier, le livre de Camille Kouchner, La familia grande, accusant son beau-père Olivier Duhamel d'inceste sur son frère , a fait l'effet d'une bombe. Depuis, les réseaux sociaux ont permis aux victimes de s’exprimer, à travers le hasthag #metooinceste. Le nombre de signalements a explosé. Une commission gouvernementale a été créée au mois de mars pour travailler sur l’inceste et les violences sexuelles sur mineurs. Ce mardi matin, elle lance une plateforme téléphonique d’écoute pour écouter les victimes et mieux prendre l’ampleur d'un phénomène encore difficile à chiffrer.
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Selon la dernière étude révélée par l’association Face à l’inceste, 10% de la population serait victime d’inceste , soit plus de 6 millions de Français. La plateforme téléphonique sera réservée au recueil de la parole d'adultes victimes d'inceste ou de violences sexuelles dans leur enfance.
Une plateforme pour les victimes et les "parents protecteurs"
Si des mineurs appellent, les écoutants les redirigeront vers les numéros d’urgence, le 119 et le 17. La plateforme d'écoute sera également destinée aux proches, et notamment aux parents protecteurs, des mères en très grande majorité, qui tentent d’arracher leur enfant à leur compagnon ou ex-compagnon. "Je pense que beaucoup d'entre eux témoigneront sur cette plateforme", avance Isabelle Aubry, présidente de l’association Face à l’inceste. "Le gros problème du parent protecteur, c'est que lorsqu'il va porter plainte, au mieux on le traite de fou et on ne prend pas la plainte, au pire il perd la garde de l'enfant qui se retrouve chez l'agresseur."
En cas d’urgence, les écoutants de la plateforme pourront faire des signalements au Procureur de la République. La plateforme, elle, doit rester en place pendant deux ans. À côté des témoignages, des questionnaires seront soumis aux victimes pour mieux comprendre leur parcours. Des enquêtes ciblées auprès d’inspections générales de différents ministères vont aussi commencer pour pouvoir formuler, d’ici à 2023, des premières recommandations de politique publique.