De l’Auvergne, on connaît essentiellement ses volcans et ses montagnes, situées au cœur du Massif centrale. Mais cette région regorge d’endroits insolites et méconnus, à la beauté trop souvent insoupçonnée. Jean-Bernard Carillet, auteur pour le Lonely planet, nous amène à la découverte de lieux originaux de l’Auvergne.
Le Viaduc de Garabit, construit par Gustave Eiffel
Le viaduc de Garabit est situé au-dessus des gorges de la Truyère, dans le Cantal. Cet ouvrage d’art magnifique, tout en métal, a été construit par Gustave Eiffel en 1879. Une vraie prouesse architecturale et un chef-d’œuvre de 564m de long, 122m de haut et une immense arche. Quand on voit ce viaduc, on se demande comment cela est possible. Le défi a été gigantesque, avec un chantier de 4 ans et 400 hommes. Les pièces de métal, usinées à Paris, étaient acheminées par train, puis par attelage.
Attention : on ne peut pas marcher sur le viaduc, car il est réservé à une ligne de chemin de fer, puisqu’à l’origine il a été conçu pour le trajet Paris-Béziers. Mais on l’admire de la route en contrebas ou, encore mieux, lors d’une balade en bateau sur la rivière. En été, le soir, il est illuminé. On a l’impression de voir un dragon de métal qui fait le grand écart entre les deux rives de la Truyère, fabuleux mélange de l’aspect industriel, métallique, et de la nature brute et minérale.
La région du Cézallier, une "petite Mongolie"
Saviez-vous qu’il y a une "petite Mongolie" en Auvergne ? C’est la région du Cézallier, un bout du monde comme je les aime, aux confins du Cantal et du Puy de Dôme. L’endroit est beaucoup moins touristique que la région du Puy de Sancy. Si le Cézallier est surnommé "la petite Mongolie", c’est parce qu’il se compose de vastes étendues herbeuses, ondulées, qui ont des allures de steppes mongoles. Dans ce royaume des pâturages verdoyants, on a l’impression de voir un tapis de velours avec, en toile de fond, les crêtes des monts du Cantal.
La région est très faiblement peuplée, avec une poignée de villages dont l’un des plus petits d’Auvergne : la Godivelle, 21 habitants seulement, complètement perdu au milieu de cette "petite Mongolie", à 1.200 mètres d’altitude. J’en parle avec des trémolos dans la voix, car j’y étais il y a presque exactement un an, en vacances en famille. Ce qui rend ce lieu puissant également, c’est que le village de la Godivelle est encadré par deux lacs, l’un au-dessus, le lac d’En Haut, l’autre en-dessous du village, le lac d’En Bas. On peut faire le tour à pied de ces deux lacs.
S’imprégner des paysages en vélorail
Pour s’imprégner de ces paysages magnifiques, vous pouvez opter pour le Vélorail. Il existe 32 km de voies ferrées, avec trois parcours au départ de la gare de Landeyrat, qui était la plus grande gare de transhumance de France, où chaque année des dizaines de milliers de bovins y transitaient. Chacun y trouve son compte, il y a même des vélorails à assistance électrique.
Loger dans des burons, des petites maisons de pierre
Si vous cherchez un endroit original où loger, il y a les burons. Ce sont des petites maisons de pierre avec des toits en ardoise, complètement isolées dans les pâturages, surtout dans le Cantal, mais pas uniquement. On est vraiment coupé du monde, mais elles sont accessibles par des pistes. C’est dans ses burons que vivaient les gardiens de troupeaux pendant la période d’estive, c’est là qu’ils collectaient le lait tous les jours.
Beaucoup ont été laissés à l’abandon et ont failli disparaître. Heureusement, certains ont été réhabilités et aménagés en gîtes équipés. Il faut cependant prévoir son ravitaillement. Car avec un poêle à bois, les maisons sont rustiques mais très bien conçues. Et il n’y a pas d’électricité, on s’éclaire à la bougie.
Visiter Salers et Aurillac
J’apprécie particulièrement le bourg de Salers, dans le Cantal. Ce n’est pas seulement pour le fromage, mais aussi pour l’architecture. On se croirait télétransporté dans une autre époque avec des maisons en pierre, des tourelles, un château Renaissance et des rues étroites. J’y étais l’année dernière, j’ai pu assister à des fêtes auvergnates sur la place centrale, avec des danses traditionnelles.
Autre ville marquante : Aurillac, dans le Cantal. Saviez-vous que c’est la capitale française du parapluie ? C’était une industrie florissante qui a marqué l’histoire de la ville aux 19e et 20e siècles. Jusque dans les années 1930, Aurillac produisait jusqu’à un million de parapluies par an. Aujourd’hui évidemment, ce n’est plus vraiment l’activité principale, mais il y a une entreprise qui a subsisté et qui perpétue ce savoir-faire. Il s’agit de la maison Piganiol, depuis 1884, classée entreprise du patrimoine vivant. Depuis cinq générations, de père en fils, elle fabrique des parapluies haut de gamme, entre 120 et 300 euros. De vrais accessoires de mode, faits à la main.