Bernard Cazeneuve va porter plainte ce dimanche pour "diffamation" après les "graves accusations" d'une policière municipale niçoise affirmant avoir reçu des pressions de l'Intérieur pour modifier son rapport sur le dispositif policier du 14 juillet, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Un "émissaire du ministère". Dans un entretien au Journal du Dimanche, Sandra Bertin, qui était en charge de la vidéosurveillance le soir de l'attentat de Nice, affirme avoir été "harcelée pendant une heure" le lendemain par un commissaire envoyé, selon elle, par le cabinet du ministre de l'Intérieur. "On m'a ordonné de taper des positions spécifiques de la police nationale que je n'ai pas vues à l'écran", dit-elle en expliquant avoir dû "physiquement renvoyer du centre de supervision urbain (CSU) l'émissaire du ministère".
L'autorité judiciaire. "Contrairement à ce que Mme Bertin affirme, ce n'est en aucun cas 'le cabinet du ministre de l'Intérieur qui a envoyé un commissaire au CSU' ou qui aurait eu des échanges avec elle", explique le ministère de l'Intérieur dans un communiqué en rappelant que c'est sous la "seule autorité" du procureur de Paris "que des policiers enquêteurs ont été dépêchés au CSU de Nice". Dans une déclaration à l'AFP, le procureur François Molins avait peu auparavant indiqué que c'était sous sa "seule autorité et pour les besoins de l'enquête en cours que le 15 juillet, deux brigadiers chefs ont été envoyés au CSU de Nice". Une information immédiatement après corroborée par le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, qui, dans un communiqué, a rappelé que "l'enquête relative aux assassinats terroristes de Nice [...] relève exclusivement de l'autorité judiciaire".
Ni Bernard Cazeneuve, ni son cabinet ne sont intervenus auprès de la police municipale niçoise pour lui faire modifier un compte-rendu, a également assuré dimanche à la presse le patron de la police nationale. Jean-Marc Falcone a estimé que "les polémiques et manipulations qui portent atteinte à la police nationale, à ses dirigeants et à son ministre" devaient "cesser".
Des "accusations indignes". Pour le ministère de l'Intérieur, "il serait très utile que Mme Bertin soit auditionnée par les enquêteurs et puisse leur produire les identités et les fonctions des personnes qu'elle met cause, les mails qu'elle évoque et leur contenu". "Les accusations indignes de ce jour s'inscrivent dans la suite des polémiques virulentes que certains élus de Nice ont souhaité entretenir puis alimenter chaque jour depuis le terrible attentat du 14 juillet", dénonce Beauvau en appelant "chacun à reprendre ses esprits".
"La vérité, la transparence et la dignité exigent que l'enquête conduite sous l'autorité des magistrats instructeurs puisse de dérouler dans les meilleures conditions : la France le doit aux victimes de cet acte odieux", poursuit le ministère en soulignant qu'il "contribue activement à cette oeuvre de vérité, par la mobilisation des services compétents placés sous l'autorité des magistrats".