"Je ne suis pas un empoisonneur". Ce message, Vincent Guyot, agriculteur dans l'Aisne, invité de C'est arrivé cette semaine sur Europe 1, le martèle depuis déjà plusieurs mois. En cause : les effets du glyphosate, un herbicide que cet ingénieur agronome de formation utilise pour cultiver ses quelque 130 hectares de céréales et de betteraves.
"Une balance déficitaire pour l'environnement".Classé comme cancérigène probable par l'Organisation mondiale de la santé, ce désherbant, le plus utilisé au monde depuis 40 ans, est également devenu le plus polémique en France. Depuis jeudi, cette substance fait l’objet d’une mission d’information à l’Assemblée nationale, avec pour objectif de trouver comment s'en débarrasser d’ici trois ans, comme l’a promis le gouvernement. Un objectif dont s'est encore félicité Emmanuel Macron sur Twitter vendredi.
La manière dont nous gérons le glyphosate est l’exact opposé de la chlordécone : transparence et volontarisme. Quand j’ai été élu le glyphosate était autorisé pour 15 ans par des normes européennes. Par notre engagement, le délai a été réduit à 5 ans en Europe, 3 ans en France. https://t.co/B20nKwLW2Z
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 28 septembre 2018
Pourtant, selon Vincent Guyot, cette interdiction, loin d'avoir des effets positifs sur l'écologie, aurait, au contraire, des conséquences néfastes sur l'environnement. "J’en suis convaincu et je ne suis pas tout seul", assure-t-il. "On ne demande qu’à recevoir des gens qui veulent nous interdire le glyphosate pour leur expliquer que la balance bénéfices-risques de cette interdiction est complètement en faveur du glyphosate". "Demain, notre balance sera déficitaire au niveau environnemental, si on nous interdit le glyphosate", assume-t-il.
Un meilleur bilan carbone. Une affirmation qui repose sur des arguments techniques. "J’utilise le glyphosate depuis que j’ai choisi de partir dans une technique culturale sans labour", explique cet agriculteur. "Quand je me suis installé en 2001, j’avais des terres très lourdes, très argileuses mais aussi des terres très calcaires, tout ça au sien d’une même parcelle." "Pour gommer ces différences de sol, je suis parti dans un technique sans retournement de terre", poursuit-il.
Pour cela, Vincent Guyot sème des plantes entre deux cultures vivrières. "Ce sont ces cultures-là, que nous ne récoltons pas, que je détruis chimiquement avec du glyphosate", précise le cultivateur. Avantages selon lui : un meilleur bilan carbone, car l'agriculteur n'utilise pas de tracteur pour labourer, mais aussi une utilisation moindre d'engrais. "En allant vers cette agriculture de conservation des sols, on va vers un équilibre agronomique qui permettra d’utiliser moins de carburant et de laisser le sol se travailler tout seul", assure l'agriculteur.
"Aucun risque avéré pour la santé". Quant à la dangerosité du glyphosate, Vincent Guyot reste sceptique. "Les gens réclament ce qu’on leur met dans la tête", estime-t-il. "On leur a mis dans la tête que le glyphosate était un poison. Or, aujourd’hui, on n’a plus de dix agences sur onze qui déclarent que le glyphosate n’a aucun risque avéré pour la santé". "Quand j’utilise du gyphosate, j’utilise un produit qui est homologué par l’agence de santé française", insiste-t-il.
Ce qui n'empêche pas l'agriculteur de manipuler ce désherbant avec prudence. "Aujourd’hui, on est quand même des pros de la santé des cultures", affirme-t-il. "Quand j’utilise du glyphosate, je sais que j'utilise des produits phytosanitaires. À moi, en tant que professionnel, d’utiliser les équipements de protection qui vont me permettre demain de continuer à utiliser tout ce qui nous permet de produire en quantité et en qualité", rappelle-t-il.
Reste à savoir si l'agriculteur aura encore le droit dans les années à venir d'utiliser ce produit. Pour le moment, Vincent Guyot reste confiant. "J’ai toujours espoir qu’on puisse avoir des dérogations quand on part dans des systèmes avec des bilans carbone très satisfaisants", conclut-il.