Quatre ans et demi après les faits, deux anciens policiers de la BRI (Brigade de recherche et d'intervention) sont jugés depuis lundi pour des accusations de viol sur une touriste canadienne au sein du 36 quai des Orfèvres, à Paris. Mercredi, la plaignante, Emily Spanton, a témoigné à la barre.
Une plaignante visiblement affectée. Très affectée, elle a fait le récit de cette soirée très arrosée du 22 avril 2014 devant la cour. Les larmes sont venues troubler sa voix en permanence, particulièrement lorsqu'elle a affirmé avoir été violée à plusieurs reprises par trois hommes, dans deux bureaux successifs des locaux de la police judiciaire. Les faits qu'elle décrit attestent de relations non seulement forcées mais brutales et violentes.
Mercredi matin, la déposition d'Emily Spanton a duré un peu plus d'une heure. Ce qui est frappant, c'est qu'elle est totalement incompatible avec la version des policiers. Par exemple, elle nie les avoir embrassé voire davantage au cours de la soirée au bar, avant d'aller dans les locaux du 36 quai des Orfèvres. Elle désigne également trois agresseurs, or ils ne sont que deux sur le banc des accusés.
Nombreuses consultations d'une thérapeute depuis les faits. Elle a expliqué mercredi que depuis cette soirée, il y a quatre ans et demi, elle a consulté à 62 reprises un thérapeute canadien spécialisé dans l'aide aux victimes d'agressions sexuelles. Les policiers, qui avaient été suspendus quand l'affaire a été révélée, ont eux repris le travail, dans un autre service.
La parole est désormais aux parties en terminant par la défense, bien décidée à mettre la victime présumée face à ses contradictions et à insister sur une personnalité "borderline" évoquée par des experts. Face à elle, les deux policiers, qui plaident non-coupable, ont maintenu mardi leur version de relation consentie.
Présentations "très contrastées". Au premier jour du procès, lundi, le président de la cour a indiqué que les présentations étaient "très contrastées" selon les parties. Les empreintes génétiques des deux accusés ont été retrouvées sur les sous-vêtements d'Emily Spanton. Deux caleçons d'Antoine Q., l'un des accusés, portent l'ADN de la Canadienne mélangé à son sperme. L'examen médico-judiciaire a révélé notamment une lésion gynécologique traumatique sur le sexe de la victime présumée.