Les actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical des femmes ne sont "pas des faits isolés" et doivent être sanctionnés, estime le Haut conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCE), appelant à une "prise de conscience" sur ce sujet vivement débattu ces derniers mois.
"Ampleur des témoignages". "La meilleure contraception, c'est de fermer les cuisses", "si je vous fais mal, c'est parce que vous êtes trop grosse", "un stérilet à 28 ans ? Vous devez plutôt penser à un enfant" : propos sexistes, maltraitance, de nombreuses femmes ont relayé récemment des problèmes rencontrés dans l'intimité d'une consultation médicale ou d'un accouchement, faisant émerger le sujet des "violences obstétricales et gynécologiques". "L'ampleur des témoignages révèle qu'il ne s'agit pas de faits isolés", relève le HCE dans un rapport remis vendredi à la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, qui l'avait commandé l'été dernier pour "objectiver ce phénomène".
26 recommandations... L'institution y appelle à une "prise de conscience des pouvoirs publics", proposant 26 recommandations pour "prévenir (ces actes), faciliter leur signalement et leur condamnation", avec en premier lieu la réalisation d'une enquête de santé publique sur cette question.
... dont un entretien post-natal obligatoire. Six types de faits sont établis : non prise en compte de la gêne d'une patiente, jugements sur la sexualité, le poids ou le désir d'enfant, injures sexistes, actes exercés sans consentement, refus d'actes, violences sexuelles. Parmi les principaux actes dénoncés, le recours sans consentement à l'épisiotomie (incision du périnée afin de laisser passer le bébé) a été particulièrement pointé du doigt. En France, près d'un accouchement sur cinq donne lieu à une épisiotomie, et dans un cas sur deux, la femme déplore l'absence d'information, rappelle le HCE. Ainsi, "pour une plus grande transparence et une amélioration des pratiques", il propose de rendre publiques les données par maternité (épisiotomie, césarienne, déclenchement) et de créer un entretien post-natal obligatoire pris en charge par la Sécurité sociale.
Une formation qui néglige "la relation humaine". Entre 15 et 45 ans, une femme aura environ cinquante consultations gynécologiques et obstétricales (frottis, renouvellement de contraception, IVG, consultation avant et après accouchement). Or, le caractère intime de ces consultations est "souvent insuffisamment pris en compte" par les professionnels, pointe également le HCE. "La formation est centrée sur la technique au détriment de la relation humaine, et l'obligation légale d'une formation sur les violences sexistes reste insuffisamment déployée", dénonce-t-il, appelant particulièrement à l'étude de "la bientraitance et du consentement".