Le violeur présumé de la Sambre a été mis en examen pour 19 affaires. Mais en garde à vue, l'homme a évoqué une quarantaine de victimes. Les enquêteurs, eux travaillent au recoupement de 70 affaires, qui pourraient potentiellement lui être imputées, ce qui donne à ce dossier une ampleur considérable. Invité de Maxime Switek dans la matinale d'Europe 1, le docteur Sophie Baron-Laforêt, psychiatre et présidente de l’Association française de criminologie, évoque une affaire "hors normes".
"Comme une boîte noire". "Du fait du nombre de victimes, 40 victimes différentes, c'est absolument hors normes", confirme la spécialiste qui ne se souvient pas d'un dossier similaire en France. "Souvent, on se rend compte qu'un grand nombre de victimes sont des victimes mineures, or, là, il y des mineures et des majeures. Autant de victimes femmes adultes, ça ne s'est jamais vu, que je sache, en France".
Autre élément frappant dans cette affaire : celui du profil de l'agresseur. Un homme marié de 57 ans, père de trois enfants, sans aucune mention sur son casier judiciaire et très intégré dans le vie de sa commune. "Malheureusement, nous avons tous besoin de penser que les personnes les plus dangereuses, nous pourrions les reconnaître de loin et qu'elle sont loin de notre environnement quotidien, mais un certain nombre de personnes qui commettent ce type d'actes, notamment à caractère sexuel, fonctionnent avec un déni ou à deux niveaux. Il y a un niveau dans la réalité quotidienne. Ils ne pensent plus, n'ont pas en mémoire ce qui est lié aux actes commis et puis, par moment, ils commettent ces actes. C'est comme s'ils les mettaient dans une boîte noire, hors champ."
"Le passage à l'acte fait partie de ce qui les restaure". L'homme a lui-même parlé de "pulsions" bien qu'il ait employé un attirail de masques, cordelettes, etc. "C'est quelque chose qui déborde. Quand la pulsion vient, il se cache, fait en sorte qu'on ne le voit pas, pour ne pas être reconnu, peut-être. Pour savoir, il faut le rencontrer. Et ensuite, comment ont été commis les premiers faits ? Est-ce que ça s'est construit au fil du temps ? Quel a été le parcours criminologique ?", s'interroge la psychiatre.
"Cela reste une interrogation mais une fois parti dans le processus, il y a un rituel qui s'est manifestement instauré." Les enquêteurs semblent néanmoins avoir déterminé des périodes de plusieurs années sans passage à l'acte : "Pendant tout un temps, soit il arrive à se contrôler, soit il a un équilibre qui ne lui demande pas ce genre de passage à l'acte. C'est ce qui est paradoxal et difficile à entendre mais pour un certain nombre d'entre eux, cette forme de passage à l'acte fait partie de ce qui les restaure."