Visite du pape en Corse : pourquoi la religion tient-elle une place si importante sur l'île de beauté ?
Une semaine après la réouverture de Notre-Dame de Paris, le pape François se rend à Ajaccio en Corse pour une visite historique. Sur l'Ile de beauté, la ferveur catholique est toujours particulièrement forte avec neuf Corses sur dix qui se revendiquent croyants.
Ce samedi, le pape François est en Corse pour une visite historique. Alors qu'il avait refusé de se rendre à la réouverture de Notre-Dame de Paris le week-end dernier, le souverain pontife a préféré choisir l'Ile de beauté où la religion occupe une place de choix dans la société. Effectivement, selon l'Église, neuf Corses sur dix se disent de confession catholique. Un chiffre qui s'explique par plusieurs facteurs.
Un catholicisme populaire
"La religion est populaire en Corse", confirme le spécialiste des religions Jean-Louis Schnegel. Une identité symbolisée par le Cardinal-prêtre François Bustillo. Nommé en septembre 2023 par le pape François, il a depuis "transformé l'île" selon les mots du vicaire général du diocèse d'Ajaccio, Frédéric Constant. À ses yeux, il y a un véritable "effet Bustillo" qui se fait ressentir à travers la Corse grâce "à sa proximité avec tout le monde, sa présence et son message évangélique accessible à tous".
Une proximité avec le peuple symbolisée par la venue du pape François sur son initiative. Comme il le disait d'ailleurs au micro d'Europe 1, le Saint-Père "aime les périphéries" avec des "traditions très simples de piété populaire". Et en ce week-end historique, la ferveur est bel et bien au rendez-vous sur cette île où règnent la tradition, la culture et l'identité locale. Elles se partagent et se transmettent par les coutumes et l'art, comme avec le chant polyphonique, l'un des symboles identitaires de la Corse, seule île de Méditerranée, avec la Sardaigne, à le pratiquer.
Une identité forte favorisée par l'insularité
Sur l'île de beauté, la préservation de cette identité propre n'a rien d'un concept superflu. Grâce à son insularité, la popularité a pu préserver d'autant plus ses traditions issues en grande partie de la culture italienne. Or, cette dernière est particulièrement attachée à la religion, que ce soit sur les plans architecturaux, picturaux ou encore sociétaux. De plus, cette identité religieuse a permis à l'île de "trouver des appuis politico-religieux durant de nombreuses années", comme le souligne Jean-Louis Schnegel.
"On a déjà été envahis, mais jamais dominés" appuie l'abbé Frédéric Constant. Et ce justement grâce à l'insularité qui diminue le brassage avec les autres populations et cultures. En France métropolitaine par exemple, où le mélange culturel est fort, la religion catholique reste la plus représentée, mais est en diminution constante, selon une étude de l'Insee, avec l'islam qui est en nette augmentation.
Si ce phénomène n'est pas propre qu'à l'Hexagone, il y est d'autant plus fort. Cependant, en Corse, les musulmans sont toujours plus nombreux, et si aucune étude n'a été proprement menée, selon la Préfecture de l'île, elle comptait 42.000 fidèles en 2016, soit environ 11% de la population. "Des frères" avec qui les Corses catholiques "vivent en harmonie et en paix" comme a tenu à le souligner le vicaire général.