La neige sème la pagaille en région parisienne. Mercredi matin, des automobilistes étaient toujours bloqués sur les routes après une nuit de galère. Les transports restaient également perturbés en dépit des appels à reporter les déplacements. Dans la matinée, seuls deux trains sur deux fonctionnaient sur l'ensemble des lignes des transiliens, et le trafic des bus et de certaines lignes de tramway avait été interrompu. Par ailleurs, en Île-de-France, on enregistrait près de 150 km de bouchons peu avant 9 heures et plusieurs milliers de personnes ont passé la nuit dans des centres d'accueil, des gares ou des aéroports. Pourtant les 5 et 10 cm de neige cumulés au sol avaient été annoncés mardi par Météo France. Alors comment expliquer que quelques centimètres de neige génèrent de telles perturbations ?
- Les infrastructures ne sont pas adaptées
La première raison est simple. Paris n'est pas Montréal. En Île-de-France, un événement neigeux comme celui-là a lieu tous les cinq ans environ. "La dernière fois, c'était en mars 2013", précise Météo France. Les infrastructures ne sont donc pas adaptées à ce type de conditions climatiques. Et pour cause : l'investissement coûterait trop cher. "On ne va pas adapter nos infrastructures à un moment exceptionnel", a déclaré mercredi Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. "Le problème serait de justifier un tel investissement auprès du contribuable. Je suis convaincu qu'acheter dix déneigeuses ne solutionnerait rien", assure également Laurent Hecquet, directeur général du MAP, l'observatoire des experts de la mobilité qui plaide toutefois pour une meilleure anticipation de la part des pouvoirs publics pour ce type d'épisode neigeux. "Les conséquences seront tirées et on regardera pour faire en sorte qu'au prochain épisode neigeux exceptionnel, on puisse avoir la meilleure réaction possible", a d'ailleurs reconnu Benjamin Griveaux.
"L'information en matière générale est le point essentiel. Si nous avions eu l'alerte neige deux jours plus tôt, nous aurions pu ainsi éviter que les personnes prennent leur voiture pour se rendre au travail", souligne Stéphane Beaudet, vice-président de la région Île-de-France. "L'information a été donnée 24 heures à 36 heures trop tard", estime-t-il sur Europe 1. De son côté, Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 Millions d'automobilistes, ne comprend pas que ces épisodes ne puissent pas être mieux anticipés. "Avez-vous vu le dispositif mis en place lorsqu'il faut surveiller des vignettes Crit'Air ? Et à côté de cela, on est dans l'incapacité de prévoir un épisode neigeux de ce type-là. Si l'on avait dit aux usagers de la route de manière très claire, de ne pas prendre la voiture, (…) les Français ne sont pas stupides et ils ne l'auraient pas pris".
"L'absence d'investissement dans les mobilités, dans l'entretien du patrimoine est un vrai sujet", ajoute par ailleurs Mathieu Flonneau, historien des mobilités. "Aujourd'hui, ce genre de situation exceptionnelle vient rappeler qu'il faut être vigilant. Des leçons peuvent être tirées des pays qui sont confrontés fréquemment à ces aléas," précise-t-il, ajoutant toutefois qu'il faut accepter quelques dysfonctionnements.
- Certaines routes n'ont pas pu être déblayées
Autre raison de la pagaille : toutes les routes n'ont pas pu être déblayées malgré l'intervention de saleuses à Paris et en Île-de-France depuis depuis la fin de semaine dernière. "Il faut se rendre compte de la complexité du traitement des voiries en région parisienne et de la densité du trafic", pointe Laurent Hecquet. Or, mardi, les chutes de neige sont intervenues au moment du pic de trafic du soir. "Cela rendait impossible l'intervention des engins de déneigement", a expliqué Élisabeth Borne, mardi matin, au micro d'Europe 1.
Aussi, le salage est efficace uniquement pour les premiers centimètres de neige. "Vous pouvez saler une première fois, mais si la neige continue à tomber, elle peut finir par se réinstaller progressivement", rappelle le spécialiste des questions automobiles.
- Difficile de prévoir précisément la quantité de neige
Enfin, prévoir précisément combien de centimètres de neige risque de tomber est complexe. "La neige est ce qu'il y a de plus difficile à prévoir", explique mercredi Laurent Cabrol, expert météo sur Europe 1, qui précise que les radars météo permettent de prévoir si les nuages sont porteurs d'une certaine quantité d'eau mais pas de savoir si l'eau tombera sous forme de neige ou non.