L’INFO. Le football algérien est malade. En marge d’une rencontre de championnat entre la JS Kabylie et l’USM Alger, l’attaquant camerounais Albert Ebossé est mort samedi, touché par un projectile lancé depuis les tribunes. Un drame qui soulève beaucoup de questions au sujet de la sécurité dans les stades algériens. Europe 1 a interrogé Nabil Djellit, spécialiste du football maghrébin, pour savoir d’où vient le problème et quelles sont les solutions envisagées par les instances algériennes.
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Les stades algériens sont-ils aussi sécurisés que ceux de la Ligue 1 ?
Nabil Djellit : Absolument pas. En Algérie, les stades sont tous obsolètes, même si d’ici trois ans, cinq enceintes modernes devraient voir le jour. Néanmoins le problème ne vient pas des stades mais de l’organisation. Rien n’est mis en place pour la sécurité des joueurs : il n’y a pas de billetterie, pas de portiques et encore moins de fouilles avant les matches. C’est un peu la politique du “premier arrivé, premier servi”, il n’y a même pas de places numérotées.
Est-ce un problème d’argent ?
N.D. : Non, il y a beaucoup d’argent dans le football algérien, certains joueurs de première division sont même mieux payés que des joueurs de Ligue 2 française. Ce n’est pas un problème d’argent mais d’état d’esprit. La jeunesse algérienne, exaspérée par le climat économique, a transformé les stades en zones sanctuarisées, où elle se sent plus libre et n’hésite pas à avoir recours à la violence pour manifester sa colère. On peut même parler d’une forme de hooliganisme.
Les instances du football algérien ont-elles annoncé des mesures ?
N.D. : Pour l’instant, le président de la fédération algérienne a annoncé un report de la prochaine journée de championnat, prévue les 30 et 31 août. Plusieurs observateurs ont évoqué la possibilité d’une exclusion de la JS Kabylie jusqu’à la fin du championnat. Mais c’est presque un plan Marshall de la sécurité qu’il faudrait pour le football algérien. Et côté justice, le ministre de l’intérieur a annoncé qu’une enquête a été ouverte pour déterminer les responsables des jets de projectiles. Mais comme il n’y a pas de caméras de surveillance, cela risque de prendre de longs mois.
Albert ébossé est décéder le jour ou il est devenu Papa je suis trés triste #RipEbosse#HonteDetreKabyleCeSoirpic.twitter.com/eFIUcvrhtE— A . K En deuil (@BlkDeLux) 23 Août 2014