Tout au bout d'un match soporifique, lundi en Ukraine (1-4), l'équipe de France, revivifiée par les entrées du trio Malouda-Benzema-Ribéry peu après l'heure de jeu, s'est découvert un nouvel espoir : Marvin Martin. Son nom est commun, mais son talent, beaucoup moins. Comme Zinédine Zidane il y 17 ans, le joueur du FC Sochaux a signé un doublé pour sa première cape chez les Bleus, un exploit qu'il a assorti d'une passe décisive. Le tout en 17 minutes passées sur le terrain.
"Dans plusieurs années, l'histoire de cet Ukraine-France sera toujours la même : cela restera le jour où il (Martin) a marché sur l'eau pendant un quart d'heure magique", écrit L'Equipe. Qu'a fait Martin pendant ce fameux quart d'heure, qui a permis au match de sortir de sa torpeur ? Il a fait tout ce qu'est censé faire un remplaçant, qui plus est en équipe de France. Il a pris sa chance en frappant des 25 mètres après avoir effacé un adversaire d'un crochet. Puis il a étalé sa justesse technique sur son deuxième but où, face au gardien ukrainien, il a su parfaitement enrouler son ballon pour trouver la lucarne.
Recalé de Clairefontaine à 13 ans
Martin a inscrit deux buts en cinq minutes chez les Bleus (87e et 90e+2) alors qu'il n'en avait marqué que trois en 37 matches de Ligue 1 cette saison. A cela, il a ajouté une passe décisive, sur corner, pour la tête de Younes Kaboul. Car sa convocation chez les Bleus, il la doit avant tout à son talent de passeur. Avec 17 unités, il a remporté ce classement spécifique cette saison. "On l'avait pris pour qu'il amène sa fraîcheur, c'est un bon passeur. Il marque deux buts pour sa première sélection, il y a pires débuts", a réagi à chaud Laurent Blanc au micro de TF1.
A l'issue de cette première de folie, le Parisien - né à Paris, pas (encore ?) joueur au PSG, intéressé par son profil -, le jeune Martin, 23 ans, goûtait son bonheur sans retenue. "Quand je suis rentré (en jeu), les autres joueurs m'ont dit : "bouge, lâche-toi". Et après, ça vient tout seul.
"Ce n'est que du bonheur", explique Martin :
Quelques mois après l'affaire des quotas, l'explosion de Martin fait sens. Car elle renvoie à la volonté de Laurent Blanc (exprimée dans les verbatims de la réunion de la DTN) de compter sur des physiques plus atypiques. Lors de sa présentation à l'INF Clairefontaine, il y a dix ans, Martin avait été recalé en raison d'une trop faible croissance.
Pas très grand (1,71 m), assez fin, Martin, qui a débuté à Montrouge, en banlieue parisienne, et a été formé à Sochaux, est aujourd'hui comparé à Xavi et Iniesta, stratèges du milieu de terrain du Barça et de la sélection espagnole, modèle régulièrement avancé par Laurent Blanc. "Avant le match, j'avais dit à Kaboul et à Martin qu'on se souvenait toujours de sa première et de sa dernière sélections", a souligné le sélectionneur. "Leur première, ils s'en souviendront toute leur vie."
Zidane, Xavi, Iniesta, les comparaisons sont flatteuses pour Martin. Mais il sait désormais que le plus difficile l'attend : confirmer. Car marquer un doublé pour sa première sélection n'est pas un gage d'installation chez les Bleus. Entré en jeu à la mi-temps contre l'Equateur le 27 mai 2008 en amical, Bafétimbi Gomis avait également signé un doublé, lui permettant d'être l'appelé surprise pour l'Euro 2008. Depuis, l'attaquant de l'OL n'a rejoué qu'une seule fois en Bleu, en octobre 2009.