C'était un plan sans accroc. Tout se déroulait pour les Lyonnais bien jusqu'à la 90e minute. Dans les arrêts de jeu, le septuple champion de France a peut-être dit adieu au titre en encaissant deux buts et en concédant le match nul (2-2) au stade du Ray contre Nice. La machine lyonnaise, qui savait gérer il y a encore quelques mois ce genre de match, s’est enrayée. Chronique d’un naufrage.
La colère d’Hugo Lloris
Hugo Lloris a encore réalisé un match quasi-parfait dimanche. Un pénalty arrêté et des parades de grande classe. Mais le portier de l’équipe de France n’a, en revanche, rien pu faire dans les arrêts de jeu. Un pénalty, un but entaché d’une main de Civelli, match nul (2-2) et coup de sifflet final. Trop, c’est trop. Lloris a bousculé Maxime Gonalons en rentrant au vestiaire avant de pousser un gros coup de gueule : "vous ne respectez pas le maillot, on se chie dessus, j'en ai ras le cul, ras le cul".
Aulas joue au nez à nez
Pendant que Lloris essaie de calmer ses nerfs, son président, lui, n'a pas encore fini son match. Les caméras de Canal + filment une altercation entre le patron de l’OL et Frédéric Gioria, l'adjoint de l'entraîneur niçois Eric Roy. Nez contre nez, les deux hommes mesurent leur taux de testostérone avant d’être séparés par leurs staffs respectifs.
A l’origine du conflit, Frédéric Gioria reproche à Aulas son comportement auprès des arbitres après le match : "il est descendu pour mettre la pression sur l’arbitre. Il n’attendait que ça et ça m’a mis les boules (sic). Ce qu’il fait est indigne d’un président de grand club". Après la chamaillerie de "mauvais garçons", le président de l’OL a, lui aussi, tenu à s’expliquer : "les gens comme Antonetti, qui refont l’histoire dans les vestiaires, ça ne vaut pas la peine qu’on en parle. J’ai simplement eu une discussion de bonne qualité avec Stéphane Bré. Il reconnaît lui-même que le but de Civelli est marqué de manière litigieuse. La personne du staff de Nice qui est venue m’agresser ne mérite même pas qu’on parle d’elle". Le conseil national de l’éthique pourrait décider de convoquer les deux hommes pour régler l'affaire.
Il y a encore quelques années, Lyon savait tenir un résultat. Cette saison, le sang-froid n'est plus vraiment une réalité. Après le match, Claude Puel a bien essayé de minimiser avec la formule "non ce n’est pas cuit" mais les dirigeants lyonnais, eux, ont opté pour un discours plus inquiétant. "Il faut arrêter de parler du titre. Il faut se qualifier pour la Coupe d'Europe", a lâché, fataliste, Bernard Lacombe, le conseiller sportif de Jean-Michel Aulas, dans le bus de l'OLTV. Même Aulas n’y croit plus : "il faut ajuster les objectifs, et il est plus raisonnable de fixer la Ligue des champions que le titre. Lille est sur la voie royale, ce soir on a perdu de nos illusions de revenir sur eux". Désormais 4e à huit points du leader Lillois, les Lyonnais ne sont pour l'instant pas qualifiés pour la prochaine Ligue des champions.
La bérézina économique
Juste après le match, le "boss" de l’OL est rentré dans le vestiaire pour parler à ses joueurs. Le ton grave, JMA a rappelé quelques réalités à ses hommes : "j’espère qu’ils sont conscients des enjeux économiques, mais, plus important, de la confiance que l’on met en eux".
Actuellement 4e du championnat, Lyon n’est pour l’instant pas qualifié pour la Ligue des champions. Une absence de cette compétition l’année prochaine serait une catastrophe économique pour le club. Et que dire des efforts consentis par Aulas l’année dernière en achetant Yoann Gourcuff (26 millions d’euros), toujours aussi transparent et Jimmy Briand (6 millions d’euros) qui n’ont pas apporté le rendement escompté. Un dernier mot. Encore plus inquiétant : "Quand je vois ça, cette fin de match, j'ai envie de pleurer..." Une conclusion signée Jean-Michel Aulas.