Depuis sa naissance en 1917, la Coupe de France en a vu des vertes et des pas mûres. Mais, jamais depuis 100 ans, la plus ancienne compétition de clubs de l'Hexagone, n'avait assisté à un tel événement. Un club du 8ème échelon va affronter un club de Ligue 1 en 32èmes de finale. Sept divisions d'écart ! Ils étaient deux clubs de Régional 3 à avoir franchi le 8ème tour pour la première fois de l'histoire de la Coupe de France (deux clubs du 9ème échelon s'étaient qualifiés lors de la saison 2009-10) : le Houilles Athlétic Club, dans Yvelines, et le FC Still 1930, en Alsace.
Si Houilles a hérité en 32èmes de finale de l'US Concarneau, club de National (3ème niveau), le FC Still a lui tiré le gros lot, en tombant sur un club de l'élite, Troyes. C'est donc un match historique et inédit qui va se dérouler, dimanche, à 17h30. Il n'aura pas lieu à Still, le stade de la commune, 1.800 habitants seulement, n'étant pas aux normes, mais à une petite dizaine de kilomètres plus à l'est, à Mohlseim. Depuis le tirage au sort, le 4 décembre dernier, dirigeants, entraîneur et joueurs du petit club bas-rhinois vivent au rythme de cette rencontre.
"Quand on reçoit la procédure de la Fédération (pour les clubs hôtes) et qu'on se met à lire, on commence déjà à transpirer", sourit le président du club, Denis Hildenbrandt, au micro d'Europe 1. "Après, il y a beaucoup de monde qui nous a aidés, des copains à nous. Certains ont même pris des congés pour ça." Les joueurs de Still sont informaticiens, boulangers, caristes, agents immobiliers et le capitaine est grutier. Dimanche, ils vont affronter des joueurs professionnels. Mais ça n'effraie pas plus que ça Maxime. "Au contraire, ça motive", insiste-t-il. "On a essayé de bien préparer ce match. Il y en a même qui ont perdu du poids. Pendant les fêtes, ce n'est pas facile et ils ont réussi. Personnellement, j'ai fait attention à ne pas trop boire. Bon, on a gardé notre façon de vivre, on a quand même un peu bu…" À Still, à une petite quarantaine de kilomètres de Strasbourg, on sait faire la fête et bien recevoir. Mais l'entraîneur espère que son équipe ne sera pas trop généreuse avec l'Estac. "Je vois des têtes bien radieuses, bien joyeuses, tout le monde participera à cette fête, mais moi, si on prend 7 ou 8-0, ma fête elle sera gâchée", souligne Sébastien Bischoff. "L'objectif, ce sera de jouer pour gagner et pas pour faire la foire."
Gagner, le FC Still l'a déjà fait à plusieurs reprises depuis le début de cette édition 2017-18 de Coupe de France, entamée très tôt dans la saison. Premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième… Le FC Still a passé tous les tours, éliminant notamment Saint-Avold (Régional 1) au 7ème tour puis Rombas, à l'extérieur (Régional 3 également) au 8ème tour. Dimanche, le club va disputer un match qui va entrer dans son histoire, histoire qui avait pris un nouveau tournant au début des années 2000. "Un jour, le maire m'a appelé car le terrain de foot était tout neuf mais il n'y avait pas de club", a raconté au site footamateur le président du club. "Avec une bande de bénévoles, dont beaucoup sont encore dirigeants aujourd'hui, on a donc repris le club. On a commencé en troisième division de district." Soit l'équivalent du onzième échelon national. Depuis, Still a franchi trois nouveaux paliers et espère en franchir d'autres à l'avenir. "L'objectif est d'essayer de se hisser en Régional 1 (6ème échelon)", précise le président. Malgré un nombre de matches inférieurs à ses concurrents, parcours en Coupe de France oblige, Still est actuellement leader de sa poule en Alsace.
Pour faire progresser le club, le président a décidé de se passer d'équipes de jeunes, une rareté. "Quand on a repris le club, il y avait des équipes dans toutes les catégories", explique-t-il, toujours à footamateur.fr. "Mais il y a quelques années, on a choisi d'arrêter ces équipes et d'orienter nos jeunes vers les clubs voisins. On n'avait pas les moyens humains pour continuer alors que d'autres clubs font du très bon travail. Je préfère les voir (les jeunes) avec un encadrement de qualité plutôt que de trimer pour leur offrir la même chose. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne reviennent pas au club !" Et si dimanche, l'exploit (qui serait immense) est au rendez-vous, nul doute que le phénomène va s'amplifier !