Jeudi soir, lors du match amical face aux Ukrainiens du Shakhtar Donetsk, à Istanbul, les supporters de Fenerbahçe ne portaient pas des masques de Mamadou Niang ou de Daniel Güiza, deux des stars de l'équipe. Non, ils avaient tous revêtu le visage d'Aziz Yildrim, le président du club, en signe de soutien. Au début du mois de juillet, ce dernier, figure du football turc, a été inculpé et emprisonné dans le cadre d'une vaste enquête sur des matches truqués en première et deuxième divisions. Il risquerait jusqu'à... soixante ans de prison !
Mais les supporters n'ont pas fait qu'apporter leur soutien à leur président. Ils s'en sont pris également aux médias, accusés d'avoir relayé les soupçons de tricherie, ou d'avoir publié des photos de Yildirim en garde à vue, comme le quotidien Haberturk. Dès le début de la partie, jeudi soir, les supporteurs ont harcelé les journalistes, criant des injures et lançant différents objets en leur direction (bouteilles, briquets, pièces de monnaie). Deux premiers spectateurs ont d'abord pénétré sur la pelouse avant que le terrain ne soit envahi à la 67e minute de jeu, provoquant l’interruption de la rencontre.
Les supporters de Fenerbahçe envahissent la pelouse :
Ces incidents traduisent l'onde de choc qui accompagne ce scandale de matches truqués, résultat d'une longue enquête avec écoutes téléphoniques et descentes de police. Cette enquête a été rendue possible par l'adoption, au printemps dernier, d'une loi anti-corruption. Une trentaine de personnes ont été inculpées et emprisonnées ce mois-ci en attendant leur procès. Les accusés sont soupçonnés d'avoir manipulé ou influencé les résultats de 19 matches la saison dernière, qui a vu Fenerbahçe décrocher le titre lors de la dernière journée, devançant seulement Trabzonspor à la différence de buts.
Fenerbahçe avait affronté Sivasspor, dont le gardien avait encaissé un drôle de deuxième but. Selon le correspondant de France Football en Turquie, celui-ci aurait reçu une... Mini Cooper en échange de son coup de main. La semaine dernière, le vainqueur de la Coupe, le Besiktas Istanbul, également impliqué dans ce scandale, a rendu son trophée à la Fédération. Avec deux de ses plus grands clubs pointés du doigt, c'est tout le football turc qui tremble.