LIGUE 1 - Le champion de France va débuter la saison avec des certitudes mai aussi des doutes. La saison dernière 2009-2010 restera comme l'exercice du renouveau de l'OM sur la scène nationale. Sevré de trophée depuis 1992  1993 si l'on considère la Ligue des Champions décrochée aux dépens de l'AC Milan  Marseille a mis un terme à 18 années de disette hexagonale en remportant la Coupe de la Ligue devant Bordeaux, d'abord, avant de s'assurer un neuvième titre de champion de France, à deux journées de la fin de la saison, à la faveur d'une victoire sur le Stade Rennais au Vélodrome. Un aboutissement attendu et logique pour une équipe qui aura signé 23 succès pour seulement six revers sur le chemin du sacre. Le tout flanquée des deuxièmes attaque et défense de l'élite, avec 69 buts inscrits et 36 encaissés. Pour parvenir à ses fins, il faut dire que le club phocéen n'a pas lésiné sur les moyens. A l'intersaison, près de 40 millions d'euros avaient été investis sur les personnes de Lucho Gonzalez, Souleymane Diawara et Stéphane Mbia, sans oublier les renforts à moindres frais qu'incarnaient Gabriel Heinze, Edouard Cissé ou encore Fabrice Abriel. Et la dynamique triomphante, si difficile à insuffler, semble toujours d'actualité puisque l'OM s'est adjugé le Trophée des Champions, la semaine passée, en venant à bout du PSG, tenant de la Coupe de France. Le recrutement L'OM a cassé sa tirelire l'année dernière et ne renouvellera manifestement pas l'expérience, conformément au voeu de la patronne, Margarita Louis-Dreyfus, qui a sommé les responsables phocéens d'alléger la masse salariale du club, estimée à 65 millions d'euros, de 10 à 15%. "Nous avons une base de départ qui est meilleure que celle de l'an dernier. Si nous prenons un joueur, c'est pour qu'il apporte un plus, sinon ce n'est pas la peine, a prévenu d'emblée Didier Deschamps. Je veux faire dans la qualité, pas la quantité et nous avons jusqu'au 31 août." A moins de quatre semaines de la fin du marché, outre le retour de prêt d'un André Ayew qui a crevé l'écran lors du Mondial cet été avec le Ghana, Marseille n'a ainsi enregistré qu'un renfort, celui du jeune espoir espagnol César Azpilicueta, suppléant d'un Laurent Bonnart qui n'a pu s'entendre avec les dirigeants olympiens pour prolonger son contrat. En quête d'un milieu de terrain et d'un attaquant de calibre international, l'entraîneur phocéen n'a pas renoncé à l'heure qu'il est au Bordelais Alou Diarra mais avoue que le pan offensif de son projet est plus délicat à concrétiser. Pour ce faire, l'OM, qui a déjà cédé Baky Koné et rompu avec Fernando Morientes, doit d'abord dégraisser. Hatem Ben Arfa, plus que jamais annoncé sur le départ, et Benoît Cheyrou pourraient ainsi être la clef du mercato marseillais. Pas question en revanche pour Didier Deschamps et le président Dassier de se séparer de Taye Taiwo ou d'un Mamadou Niang dernièrement courtisé et séduit par Fenerbahçe. Du moins pour l'instant... Le joueur à suivre Ce n'est pas un hasard si l'Inter Milan, champion d'Europe en titre, est revenu à la charge récemment pour le débaucher. Timoré et diminué à son arrivée en France l'été dernier, Lucho Gonzalez, qui n'aura guère été épargné par le sort pour ses premiers pas avec l'OM, a tardé à trouver ses marques en L1, avant de recouvrer peu à peu le rayonnement qui était le sien à Porto, là où on l'appelait El Comandante. Sacré meilleur passeur du championnat au printemps, avec pas moins de 11 passes décisives au compteur dont quatre sur coups de pied arrêtés  le tout agrémenté de cinq réalisations  l'Argentin a ainsi justifié les 18 millions d'euros misés par l'OM sur son talent quelques mois auparavant. Et pour ne rien gâter, l'intéressé se veut ambitieux à l'amorce de la nouvelle saison: "Mon objectif, c'est avant tout d'être de nouveau champion avec l'OM, claironnait-il sur le site officiel du club provençal il y a peu. Concernant la Ligue des champions, on va tout faire pour aller le plus loin possible et surtout faire mieux que la saison passée. Arriver en huitièmes de finale serait déjà une progression..." L'entraîneur Liverpool a eu beau lui faire les yeux doux à l'intersaison, Didier Deschamps avait déjà choisi son challenge et n'est pas homme à revenir sur ses engagements. "J'ai reçu cette proposition à 48 heures de la reprise, elle m'a flatté et m'a amené à réfléchir, mais mon choix était évident. J'ai toujours dit que je voulais m'inscrire dans la continuité à Marseille." De retour au bercail il y a un an, l'ancien capitaine de l'OM a su imposer sa griffe dans un contexte difficile, marqué par le départ contraint de Pape Diouf puis très vite par le décès de Robert Louis-Dreyfus. En cela, les résultats obtenus par le successeur du très apprécié Erik Gerets sont remarquables. En l'espace d'une saison, celui qui avait connu tant de succès avec le Marseille de Bernard Tapie a contribué à redorer le blason olympien, menant ses troupes au sacre national et à la victoire en Coupe de la Ligue. Alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? "Je vais dire à mes joueurs que l'on n'est pas sur un petit nuage, que l'on repart à zéro et qu'il faut tout remettre en cause, promet le stratège passé par l'AS Monaco et la Juventus. Les objectifs sont toujours les mêmes. D'abord se qualifier pour la Ligue des Champions, ce qui est capital sportivement et économiquement. Les joutes nationales vont être notre priorité, on ne peut pas lutter avec les grands clubs étrangers. Ponctuellement, sur une rencontre peut-être, mais sinon il existe un fossé énorme. Nous allons tout de même essayer cette année de sortir de la phase de poule de la Ligue des Champions. Cela dépendra aussi du tirage qui nous est réservé mais aller plus loin serait bien pour notre progression." Le champion de France ne devrait donc pas se reposer sur ses acquis cette saison. Le pronostic de la rédac "En football, gagner est difficile, mais confirmer l'est encore plus. Nous sommes les tenants du titre, c'est un statut à assumer." Champion sortant, l'OM sera attendu au tournant cette saison, et Didier Deschamps est là pour le rappeler à chacun. "C'est très dur psychologiquement de défendre ce qui est acquis mais Lyon l'a fait sept fois d'affilée", souligne Fabrice Abriel, comme pour signifier que le message a bien été enregistré. Sûr de son potentiel et certainement délesté de cette pesante pression que tout Marseille avait accumulée depuis 1993, le club phocéen entend bien s'installer durablement au sommet de l'élite, sans pour autant réitérer les erreurs du passé. Plus sage, plus raisonnable, l'OM a appris à construire ses victoires avec patience et méthode, sans hypothéquer son avenir. Pas de folie en perspective cet été, donc, mais une stabilité garante a priori de succès, pour peu que les responsables olympiens parviennent enfin à mettre la main sur les deux renforts escomptés. Et à condition qu'un impondérable, tel que le départ de Mamadou Niang par exemple, ne vienne pas bouleverser la donne...