L'opération rachat confiée à Laurent Blanc au lendemain du fiasco sud-africain a pris une nouvelle tournure le mois dernier à Sarajevo. Vainqueurs en Bosnie après avoir plié à domicile devant la Biélorussie, les Bleus se sont alors révélés capables de solidarité et d'abnégation. Des vertus collectives que le sélectionneur tricolore s'est attelé à développer cette semaine en vue de la réception de la Roumanie, ce samedi au Stade de France. Créer une cohésion comme on en trouve en club, au sein des effectifs qui progressent en bloc toute une saison durant, tel est l'objectif avoué de Laurent Blanc. A Knysna, alors que l'équipe de France s'apparentait davantage à une somme d'individualités, fortes voire écrasantes pour certaines, l'union aveugle a mis en péril la maison bleue avant de précipiter son échec. Aujourd'hui, sur les ruines fumantes du Mondial 2010, c'est un véritable esprit de corps qui reste à reconstruire. Un esprit d'équipe que les Bleus ont tâché de trouver cette semaine dans le cadre confiné de Clairefontaine. Profiler ou coach mental à l'appui, appelez-le comme vous voudrez, le groupe France s'est soudé comme à ses plus belles heures de gloire, aidé en cela par la probante victoire obtenue en Bosnie le mois dernier (0-2), dans la foulée d'une débâcle domestique contre la Biélorussie qui laissait pourtant craindre le pire (0-1). "La réalité, c'est que ce groupe se connaît de plus en plus. En vivant intensément avec eux depuis lundi, je vois que des gens commencent à s'apprécier, confiait Laurent Blanc ces jours-ci devant la presse. L'important est de s'apprécier, pas forcément d'être les meilleurs amis du monde. Notre difficulté de staff technique est de créer un groupe comme on a en club. Si on y parvient, on sera solide et les résultats suivront." Priorité aux vainqueurs de Sarajevo Cette cohésion collective tant recherchée passe fatalement par une certaine cohérence sur le terrain. "Il peut arriver que deux caractères ne soient pas compatibles, estime-t-il. Pour moi, l'important c'est qu'ils soient compatibles 90 minutes durant." Aussi le "Président" compte-t-il s'appuyer sur les vainqueurs de la campagne de Sarajevo pour accueillir la Roumanie à Saint-Denis puis le Luxembourg à Metz. D'autant plus que les dernières nouvelles concernant Alou Diarra et Abou Diaby, tous deux incertains, sont rassurantes et qu'à l'exception de Bacary Sagna, d'ores et déjà forfait, tous les artisans du succès en Bosnie pourront alors prétendre à une place de titulaire. Anthony Réveillère devrait donc suppléer le Gunner manquant au poste de latéral droit, Gaël Clichy restant à la gauche d'un tandem Philippe Mexès-Adil Rami déjà quasi indiscutable, comme peut l'être Hugo Lloris dans les buts. "Une charnière centrale, ça ne s'improvise pas du jour au lendemain, on a pris une option avec Adil et Philippe, il faut qu'ils aient des automatismes, de la complémentarité, ils ont besoin de jouer ensemble, d'être performants ensemble", déclarait encore Laurent Blanc avant l'annonce de sa dernière sélection. Nasri en élément perturbateur Karim Benzema faisant également figure d'indéboulonnable aux avant-postes - "il est dynamique et a beaucoup d'envie. Ça se traduit par une aisance, une envie et une implication qui me plaisent beaucoup chez lui", souligne l'ancien technicien girondin - la seule retouche envisageable se situe dans l'entrejeu, où des Florent Malouda, Alou Diarra et Abou Diaby en pleine possession de leurs moyens semblent toutefois intouchables. En position de meneur ou relégué sur le côté, Samir Nasri pourrait à lui seul changer la donne, lui qui "améliore le collectif de l'équipe" et incarne "un leader de terrain" aux yeux de Laurent Blanc. Selon le dispositif retenu, Yann M'Vila et Yoann Gourcuff auront également leur mot à dire, même si le sélectionneur a indiqué vendredi qu'il n'entendait pas associer ce dernier à Nasri. Même probabilité pour Guillaume Hoarau devant ou Mathieu Valbuena et Loïc Rémy dans le couloir droit. Clairement orientée vers l'offensive, alors que sept défenseurs de métier seulement ont été appelés, la sélection de Laurent Blanc aura par ailleurs pour ambition de faire parler la poudre face aux 46e et 130e nations mondiales. Sur leurs dix sorties cette année, les Bleus n'ont trouvé la faille qu'à sept reprises, sont restés muets cinq fois et n'ont jamais inscrit plus de deux buts dans le même match (face au Costa Rica et en Bosnie). En proie au doute car tenue en échec lors de ses deux premières rencontres éliminatoires, face à l'Albanie notamment, la Roumanie de Razvan Lucescu, toujours privée de son meilleur joueur présumé Adrian Mutu, peut constituer la cible idéale pour les artilleurs tricolores. Méfiance cependant, si les Roumains n'ont plus dominé la France depuis avril 1972, les deux nations se sont quittées dos à dos lors de leurs trois dernières confrontations...