TOUR DE FRANCE - L'Espagnol remporte le Tour de France pour la troisième fois. Alberto Contador se rapproche petit à petit des plus grandes légendes du Tour de France. Dimanche, il a ramené sur les Champs-Elysées, où s'est imposé au sprint Mark Cavendish, son troisième maillot jaune, comme l'avaient fait avant lui Philippe Thys, Louison Bobet et Greg Lemond. Ils ne sont désormais plus que cinq, Jacques Anquetil (5), Eddy Merckx (5), Bernard Hinault (5), Miguel Indurain (5) et Lance Armstrong (7), à le devancer à ce petit jeu. Pas mal pour un coureur de 27 ans qui a crevé l'écran en 2007, date de son premier scare dans la Grande Boucle. Arrivé dans la peau du grandissime favori à Rotterdam au début du mois, le vainqueur sortant a tenu son rang. Dans la douleur certes, mais "j'ai la victoire, c'est ce qui compte", déclarait-il samedi soir. L'écart de 39 secondes qui le sépare d'Andy Schleck est le quatrième plus faible entre un vainqueur et son dauphin à l'arrivée à Paris. Une habitude pour l'Espagnol qui détient aussi la deuxième plus petite différence lors de son premier Tour remporté il y a trois dans devant Cadel Evans (23''). Moins saignant dans les cols qu'il ne l'avait été l'an dernier  il n'aura d'ailleurs jamais décroché le Luxembourgeois en haute montagne si ce n'est sur l'incident technique rencontré par Schleck dans le Port de Balès -, Contador n'a pas gagné une seule étape, une première pour lui depuis qu'il domine la Grande Boucle. Après avoir définitivement repoussé son dauphin à l'issue du seul contre-la-montre au menu de la 97e édition, le coureur Astana reconnaissait d'ailleurs avoir dû beaucoup plus s'employer cet été. "Cette année, il y a eu des moments où je n'étais pas vraiment bien. Ça n'a pas été facile du tout." Malgré tout, le grimpeur de Pinto a très bien géré. On lui promettait l'enfer sur les pavés au début du Tour, il est l'un de ceux qui les a le mieux passés malgré un débours de plus d'une minute sur Schleck. Sa seule petite journée «sans» ne lui a coûté à Morzine-Avoriaz que dix secondes qu'il a récupérées cinq jours plus tard à Mende. Alberto Contador a reconnu, vendredi, à Pauillac, avoir connu des moments difficiles sur ce Tour de France 2010. Propos traduits par Guilhem Garrigues, à Pauillac : Lors des ascensions, Contador a certes trouvé à qui parler mais jamais son dauphin ne l'aura lâché dans les Pyrénées, malgré un gros travail de sape entrepris dans le Tourmalet notamment. "Dans la montagne, je pense que Contador et moi, nous étions un peu au même niveau, et peut-être que je lui étais un peu supérieur", estime Schleck. L'Espagnol a une autre idée, surtout quand on lui parle de la progression de son principal adversaire au maillot jaune. "Il est d'un niveau similaire à celui de l'année dernière. C'est moi qui n'étais pas au même niveau que l'année dernière." La vérité se trouve sans doute entre les deux. A l'heure de faire les comptes, l'Ibère aura bien bénéficié du fameux saut de chaîne qui a freiné Schleck dans son élan quand il était passé à l'attaque dans les dernières rampes du Port de Balès. Clin d'oeil de l'histoire, les 39 secondes grattées par le "Pistolero" ce jour-là sont celles qui le séparent du maillot blanc au classement général final. Sifflé sur le podium au soir de sa prise de pouvoir suite à cet épisode, Contador a obtenu le pardon du public français en ne disputant pas la victoire d'étape à son cadet au sommet du Tourmalet lors de l'ultime acte pyrénéen. Incarnait cette année le rôle du «méchant» dans son duel face au «gentil» Andy, l'ancien souffre douleurs de Lance Armstrong n'a jamais rien laissé transparaître jusqu'à samedi soir à Pauillac où ses yeux étaient chargés en larmes sur le podium. "Mentalement c'était compliqué, avoue-t-il. Il fallait être concentré en permanence. C'était une course à l'économie. On a géré. Choisir les coureurs que je devais suivre, c'est ça le secret de la victoire. Vous ne pouvez pas imaginer actuellement le soulagement que c'est pour moi." L'Espagnol va désormais pouvoir souffler. On ne le reverra plus beaucoup cette saison. "Je vais me reposer, je vais éclaircir mon avenir en ce qui concerne l'année prochaine. Je veux une fin d'année tranquille, un hiver tranquille, savoir où je vais courir." Si Astana semblait tenir la corde il y a quelques jours, il est désormais loin d'être acquis que le désormais triple vainqueur de la Grande Boucle continue de défendre les couleurs kazakhes en 2011. Mais Contador peut dormir tranquille. Sa valeur marchande, déjà au zénith au Kazakhstan, ne sera évidemment pas altérée par son Tour de France 2010.