C'est une page du grand livre des Bleus qui va se tourner, mercredi soir, à Wembley. Après 38 ans de partenariat, l'équipe de France va porter une dernière fois un maillot Adidas avant de passer chez le concurrent, Nike, en janvier 2011. Les Bleus et Adidas, c'est une belle histoire qui a duré. Le premier match de l'équipe de France avec la marque aux trois bandes remonte au 2 septembre 1972, en Grèce. Trois cent quatre-vingt-neuf matches ont suivi, dont près des trois quarts en bleu (285), une centaine en blanc (103) et deux en rouge, symbole, en 2008, d'une regrettable dérive marketing.
Un dernier maillot collector
Cette longue collaboration a été marquée par plusieurs échecs - dont le dernier en date, la Coupe du monde 2010, n'est pas le moins marquant - mais également par trois succès historiques : l'Euro 1984, la Coupe du monde 1998 et l'Euro 2000. C'est d'ailleurs à ces trois victoires que le dernier maillot, collector et à tirage limité, fait allusion. A partir de janvier 2011, les trois bandes vont donc être remplacées par le swoosh de Nike.
Pour s'emparer du Coq, la firme américaine a mis le prix. Elle a ainsi signé un contrat de sept ans et demi pour une somme de 42,6 millions d'euros annuels, un chiffre quatre fois plus important que ce que payait jusque-là Adidas. Du côté de la marque allemande, on juge cette somme presque indécente.
"Il y a des limites en terme de décence", souligne la porte-parole d'Adidas France :
"Quand on est, comme nous, une marque très impliquée dans le sport et dans tous les sports, c'est aussi de notre responsabilité en tant qu'entreprise, en tant que marque partenaire des plus grands événements, des grandes équipes, de faire attention à ce qui est injecté dans le sport", explique Emmanuelle Gaye, porte-parole d'Adidas France. "A un moment donné, on n'est plus dans les valeurs du sport et tout cet argent au milieu, c'est quelque chose qui nous perturbe."
Un jackpot pour la FFF
Mais son choix de refuser de surenchérir sur l'offre mirobolante de Nike relève aussi de la rationalité économique. En générant en moyenne un peu plus de 30 millions d'euros par an pour 40 millions de contrat annuel, l'investissement de Nike a très peu de chances d'être rentable. Il s'agit avant tout de mettre la main sur une nouvelle équipe nationale prestigieuse, après les Pays-Bas, le Portugal, les Etats-Unis ou le Brésil. Hasard – ou pas – du calendrier, c'est d'ailleurs face à la Seleçao que les Bleus étrenneront leur nouveau maillot Nike, le 9 février prochain.
Au niveau financier, le grand gagnant de cet accord reste la Fédération française de football (FFF), qui va toucher 320 millions d'euros sur sept saisons et demie entre le 1er janvier 2011 et la fin de l'exercice 2017-2018, plus une dotation en équipements de 2,5 millions d'euros par an et des primes de résultats lors des grandes compétitions internationales. Il s'agit là d'un véritable jackpot pour une fédération qui a présenté un déficit de 1,36 million d'euros lors de la dernière saison. Et qui a dû se résigner à ne pas toucher la totalité des primes des Bleus...