BASKET - Après deux défaites lors du Mondial, les Bleus doivent affronter le pays hôte, la Turquie. Comment les Bleus ont-ils pu craquer ainsi lors de leurs deux derniers matches ? Entre l'équipe qui a débuté son Mondial par une éclatante victoire face aux champions du monde en titre espagnols (72-66), et celle qui s'est effondrée successivement face à la Lituanie (55-69) et surtout contre la Nouvelle-Zélande (70-82), il y a un gouffre. Déjà au niveau de l'adresse (près de 55% de réussite face aux Ibériques mais 34,4% contre les Lituaniens et 41,7% face aux "Tall Blacks") mais également par rapport à l'implication et à la concentration d'une formation qui a "bafoué (ses) systèmes de jeu", selon Nicolas Batum, lors de ses deux dernières sorties. Perdre face à la Lituanie après avoir compté 18 points d'avance démontre également une inquiétante fébrilité et un cruel manque de constance en attaque, l'historique point faible de cette équipe depuis de (trop) nombreux étés. Avec 70,2 points depuis le début du tournoi, les hommes de Vincent Collet possèdent d'ailleurs, derrière l'Angola, la plus faible moyenne de points marqués parmi les 16 équipes encore en course. Dans quels secteurs les hommes de Vincent Collet ont-ils le plus péché face aux Néo-Zélandais ? L'insolente adresse à trois points des Néo-Zélandais (14/38 à 43,8% de réussite) comparée à celle des Bleus (6/17, 35,3%) a évidemment joué un grand rôle dans cette défaite de 12 points qui condamne ces derniers à défier le pays hôte en huitième de finale. Mais pour Boris Diaw, ces "paniers alléluia" n'expliquent pas tout. "On aurait dû être plus sérieux, poursuit le capitaine. Et on joue de moins en moins bien..." Un jeu qui se délite, des mauvais choix en pagaille, une communication inexistante et une panne de confiance symbolisée par la performance d'un Batum aux abois (6 points à 2/8 et surtout une incroyable faute sur Penney dans les dernières secondes), alors que Gelabale, 12 points jeudi soir et l'un des rares à sortir la tête de l'eau, rejoint l'ailier de Portland en tête du classement des meilleurs marqueurs tricolores (12,8 points de moyenne). Mais le gros point noir reste le secteur intérieur. Dans le cinq de départ, Mahinmi n'a pas convaincu (0 points, 2 rebonds et 2 balles perdues en 4 minutes), pas plus qu'un Traoré toujours aussi énigmatique (3 points en 6 minutes). Heureusement, Florent Pietrus (8 points à ¼ aux tirs mais 6/6 aux lancers-francs et 8 rebonds dont 6 offensifs) était de retour pour apporter toute son énergie, mais cela n'a pas suffi. Le huitième de finale de dimanche face à la Turquie à Istanbul s'apparente-t-il à une mission impossible ? Défier la Turquie sur ses terres, avec toute l'ambiance et la pression qui vont régner au Sinan Erdem Dome, s'apparente à un incroyable défi pour cette jeune équipe de France. Excepté face à Porto-Rico (79-77), les Turcs, tombeurs des Grecs 76 à 65 et des Russes 65 à 56, ont tout balayé sur leur passage, ne faisant qu'une bouchée de la Côte d'Ivoire (86-47) et de la Chine (87-40). Mais rien ne dit qu'affronter la Russie, avec un éventuel quart de finale face aux Etats-Unis, où la Grèce, avant de défier la Serbie, aurait beaucoup été plus aisé pour ces Bleus, qui retrouveraient le vainqueur de Slovénie-Australie en cas de victoire. Surtout qu'ils n'auront rien à perdre face Ersan Ilyasova (meilleur marqueur turc avec 16,8 points de moyenne) et les siens... "Ils vont avoir une certaine forme de pression à domicile, ils n'ont pas le droit à l'erreur, espère Florent Pietrus. On va jouer relâché." Un relâchement et un statut d'outsider qui pourraient, comme face aux Espagnols en ouverture, payer au final ? Vincent Collet pourrait être alors tenté de (re)lancer dans le bain turc Andrew Albicy, le détonateur du premier match mais qui se contente de miettes depuis (26 minutes contre l'Espagne puis 28 minutes en 4 matches). Pour Nicolas Batum, les Tricolores doivent regarder dans le rétro et s'inspirer de leurs aînés..."Il y a cinq ans la France avait éliminé la Serbie en Serbie à l'Euro 2005...", souffle l'ancien Manceau. Istanbul, le nouveau Novi Sad ?