Une centaine de supporters qui descendent des tribunes pour s'en prendre à ses propres joueurs. C'est la scène, rarissime, à laquelle on a assisté samedi soir à l'issue de Lille-Montpellier (1-1), dans le cadre de la 29ème journée de Ligue 1. Et cela a mis hors de lui Philippe Piat, coprésident de l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP). "C'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase", a-t-il réagi au micro d'Europe 1. "Maintenant, ça suffit avec les supporters. On est un peu démunis. Depuis quelques années, je pense qu'on a été trop laxiste sur ce problème. Les supporters veulent maintenant contrôler et éventuellement diriger les équipes alors qu'un supporter est là pour encourager son équipe et si jamais le jeu de son équipe ne lui plaît pas, il ne vient pas au stade. C'est inacceptable. Il faut rééduquer les supporters."
Philippe Piat est désormais inquiet pour l'intégrité des joueurs. "Car les mouvements de foule, on ne sait pas comment les contrôler", insiste-t-il. "En plus, ceux qui se permettent de descendre dans l'arène, ce sont des énergumènes qu'on peut difficilement contrôler. C'est très dangereux. Il faut maintenant s'en occuper. Je suis assez circonspect sur la loi de 2016 qui souhaitait faire intervenir les associations de supporters dans la gouvernance du football. Il faut d'abord qu'elles fassent le ménage chez elles avant d'être intégrées dans les rouages du football professionnel."
"Est qu'on en revient aux grillages autour des pelouses ?" Après les scènes vues samedi soir à Lille ,mais aussi au London Stadium, lors de West Ham-Burnley, où des supporters sont venus là aussi en découdre avec les joueurs, la question est de savoir quoi faire désormais. "Les clubs doivent avoir la faculté d'organiser leur sport comme ils l'entendent et si un supporter n'est pas content de l'équipe, il ne vient pas au match", peste Philippe Piat. "Alors, est-ce qu'on revient aux dispositions d'antan avec des grillages autour des pelouses, qui soient infranchissables ? Il va falloir s'occuper de ça sérieusement. Si ça devait continuer comme ça, il faut bien trouver des solutions, et des solutions pour empêcher ces énergumènes d'aller sur le terrain, c'est qu'il y ait des barrières pour qu'ils ne puissent pas le faire. Après, je sais bien qu'il y a eu des antécédents, notamment au Heysel, où ce sont les grillages qui ont fait qu'il y a eu des victimes, mais il faut bien trouver des solutions." Ce débat devrait agiter le football français dans les prochains mois, alors qu'un retour vers des tribunes debout est parallèlement à l'étude.