De trois en quarts de finale, le contingent français dans le tableau masculin de l'US Open s'est réduit au seul Gaël Monfils, mardi. Jo-Wilfried Tsonga, blessé, a abandonné alors qu'il était mené deux sets à rien par Novak Djokovic (6-3, 6-2) et Monfils a pris le dessus sur son compatriote Lucas Pouille dans un match à sens unique, réglé en un peu plus de deux heures (6-4, 6-3, 6-3). C'est donc au Parisien que revient la tâche d'affronter le "Djoker" dans le dernier carré. Ce n'est pas une mince affaire et "La Monf" va devoir défier la logique et les statistiques…
12 à 0. C'est la stat qui fait le plus mal. En douze confrontations sur le grand circuit, étalées sur plus de dix ans (entre l'US Open 2005 et le Masters de Toronto 2016), Gaël Monfils n'a jamais battu Novak Djokovic. Il n'a même réussi à lui prendre que sept sets (sur 35 disputés). "La Monf", encore sèchement battu en juillet dernier au Canada (6-3, 6-2), présente l'un des pires bilans face au n°1 mondial. Seul le Croate Marin Cilic fait pire avec quatorze défaites en quatorze matches. 12 à 0, c'est aussi le "score" entre les deux hommes au niveau des titres du Grand Chelem…
10 à 1. Niveau titres et expérience, Monfils peut difficilement lutter. Si l'on ne s'attarde que sur l'US Open, le Français va disputer jeudi sa première demi-finale à New York. Djokovic, lui, en est à sa dixième… de suite ! Oui, de suite. Sur les neuf précédentes éditions du Majeur américain, il a atteint la finale à six reprises, pour deux titres, en 2011 face à Rafael Nadal et en 2015 contre Roger Federer. Au total, Monfils va jouer sa deuxième demi-finale dans un Majeur (après Roland-Garros 2008, où il avait été battu par Federer), Djokovic sa 31ème. À ce niveau, les deux joueurs n'évoluent clairement pas dans la même cour.
6h26' contre 9h51'. Djokovic aborde ce dernier carré en n'ayant passé que 6h26' sur le court, soit un peu plus d'une heure seulement par tour. Et pour cause, le Serbe a bénéficié d'un forfait (Jery Vezely au deuxième tour) et de deux abandons (Mikhaïl Youzhny au troisième tour et Jo-Wilfried Tsonga en quarts de finale) sur la route de sa demie. Au final, le n°1 mondial a joué trois heures et 26 minutes de moins que Monfils. De quoi s'économiser un peu.
Alors, cette demi-finale est-elle jouée d'avance ? Peut-être pas, non. Parce que si les chiffres (les titres, l'expérience, le passé, un peu tout en fait) sont contre "la Monf", le vent, lui, est dans son dos. Le Français, qui a fêté la semaine dernière ses 30 ans, n'a peut-être jamais semblé aussi fort. En cinq matches à New York, il n'a pas concédé le moindre set et il va affronter un Djokovic qui a entamé la quinzaine avec une douleur à un coude. Vainqueur de l'Open d'Australie et de Roland-Garros dans la première partie de saison, le n°1 mondial avait failli lors du dernier Wimbledon, avec une élimination dès le troisième tour contre Sam Querrey, apportant ainsi la preuve que la machine pouvait s'enrayer. Et puis Monfils qui bat Djokovic, c'est déjà arrivé. Non pas sur le circuit ATP, donc, mais chez les juniors (Melbourne 2004) et sur un tournoi Futures (Bergame 2004). Monfils en finale de l'US Open ? Chiche qu'il peut faire mentir les chiffres.