C'est autant une figure du football uruguayen que brésilien qui vient de disparaître. Alcides Ghiggia est décédé jeudi à l'âge de 88 ans d'une crise cardiaque à Las Piedras, une ville du sud de l'Uruguay, où il résidait. Etonnant clin d’œil du destin, l'ancien ailier droit est mort 65 ans jour pour jour après le match qui lui avait valu d'entrer dans la légende du football : la "finale" de la Coupe du monde 1950 entre l'Uruguay et le Brésil, qui avait eu lieu le 16 juillet 1950 au Maracana de Rio.
L'acteur majeur du "Maracanazo". A cette époque, le Mondial se disputait en deux phases de groupe, sans match à élimination directe. Lors du tour final à quatre équipes, le Brésil, ultra-favori à domicile, s'était débarrassé de la Suède (7-1) et de l'Espagne (6-1) sans la moindre difficulté. De son côté, l'Uruguay avait péniblement fait match nul contre l'Espagne (2-2) puis battu la Suède (3-2).
Un nul face à la Celeste suffisait alors aux Brésiliens pour être sacrés champions du monde. Mais alors que le score était de 1-1, Ghiggia, déjà buteur lors des deux premiers matches du tour final, avait battu le gardien brésilien Barbosa d'une frappe au ras du montant gauche. Et les 200.000 personnes du Maracana s'étaient tues. A ce propos, Ghiggia avait eu cette phrase restée célèbre à la télévision Globo dans les années soixante : "Seules trois personnes ont réussi à faire taire le Maracana, Frank Sinatra, le pape et moi". Cette défaite brésilienne prit bientôt le nom de "Maracanazo", le "choc du Maracana".
L'été dernier, Europe 1 avait rendu visite au président de Montpellier, Louis Nicollin, qui possède dans sa collection personnelle plusieurs maillots d'Alcides Ghiggia :
International uruguayen mais aussi italien. Né le 22 décembre 1926, Ghiggia a débuté sa carrière à Penarol, l'une des deux plus importantes équipes d'Uruguay, avec laquelle il remporta le championnat national en 1949 et 1951. Mais grâce à la renommée acquise après le "Maracanazo", le champion du monde 1950 devint l'un des rares Sud-Américains à traverser l'Atlantique pour aller tenter sa chance en Europe, en Italie, à l'AS Rome puis à l'AC Milan. Ces performances lui valurent d'obtenir la nationalité italienne, et même d'intégrer la Squadra azzura, la sélection nationale. "Un honneur que de jouer pour une sélection qui n'était pas la mienne", expliqua-t-il en 2010. L'ailier droit retourna jouer en Uruguay à l'âge de 37 ans, avec le Danubio, avant de prendre sa retraite à l'âge de 42 ans. Il était le dernier joueur survivant de ce Brésil-Uruguay de 1950, l'un des plus fameux matches de l'histoire du football.