Il est 20h14 samedi soir quand le lillois Fodé Ballo-Touré ouvre le score au stade de la Licorne, à Amiens. Le défenseur du Losc court vers le kop pour communier sa joie avec les supporters qui se précipitent vers le grillage du parcage. Sous le poids des fans nordistes, la tribune s’écroule. 29 personnes sont blessées dans le drame, dont six ont été conduits à l’hôpital. Deux jours plus tard, des questions restent en suspens, notamment sur l’origine de l’accident.
#ASCLOSC une barrière cède sous le poids des supporters pic.twitter.com/a49BZCAorZ
— France 3 Picardie (@F3Picardie) September 30, 2017
Le stade était-il bien aux normes ? Face aux questions sur un éventuel sous-dimensionnement de l'enceinte pour la Ligue 1, le directeur général de la LFP Didier Quillot a rappelé que "ce stade avait été homologué par la commission de la fédération et de la Ligue".
La vétusté de la Licorne, inaugurée en 1999, est au cœur du problème depuis samedi soir. Pour rénover le stade, des travaux estimés à 8,8 millions d’euros ont d’ailleurs été engagés depuis le début de la saison – notamment pour changer la couverture de l’enceinte. Pour les responsables de la ligue, aucun problème concernant l’état général de la Licorne. "Quand les clubs montent en Ligue 1 ou en Ligue 2, il y un système de 'licence club', avec des points donnés en fonction de la conformité ou non d'un stade", explique Nathalie Boy de la Tour, présidente de la LFP. "Ce que je peux dire, c'est que cette licence avait été délivrée à Amiens.
La barrière était-elle en bon état ? La polémique est pourtant très loin d’être terminée. Les deux clubs se rejetent la faute l'un sur l'autre. A Lille, on pose la question des "conditions d'organisation et de sécurité proposées par le stade et le club d'Amiens", tandis qu'à Amiens, on estime que la responsabilité revient aux "200 ultras très énervés" qui "étaient dans le parcage réservé aux Lillois".
Le stadier du Losc Jean-Claude Buisine met directement en cause les conditions de sécurité du stade. "Après avoir vérifié les tribunes, on a signalé que la grille bougeait", confie-t-il ce lundi matin à L'Equipe. Du côté des dirigeants d’Amiens, on botte en touche. "La dernière commission de sécurité qui était là jeudi (pour valider les travaux sur la toiture) n’a rien eu à redire", répond le président de l’ASC Bernard Joannin.
Comment vont les blessés ? Les six supporters du Losc les plus grièvement blessés ont pu sortir du CHU d’Amiens dès dimanche soir. Le club nordiste s’est d’ailleurs fendu d’un tweet pour communiquer ces informations rassurantes.
Bonne nouvelle ! Tous les supporters lillois blessés lors de #ASCLOSC ont désormais quitté le CHU d'Amiens. On pense fort à eux !
— LOSC (@losclive) October 1, 2017
Mais il ne faut pas minimiser l’incident pour autant. Jean-Claude Buisine était tout en bas du parcage lillois, samedi soir au stade de la Licorne. Dans les colonnes du journal L’Equipe lundi matin, ce stadier du Losc assure que c’est "un miracle qu’il n’y ait pas eu de morts" dans l’effondrement de la barrière.
Quelles sont les suites de l’enquête ?Une enquête pour "blessures involontaires" a été ouverte sous l'autorité du parquet d'Amiens. Elle devra "déterminer pourquoi il y a eu cette rupture", a précisé samedi soir le procureur Alexandre de Bosschère. "Nous cherchons à savoir s'il y a eu des manquements particuliers. Nous avons placé des scellés sur le site qui fera l'objet d'une expertise dans les prochains jours." Les expertises techniques ont d'ailleurs débuté lundi au stade d'Amiens.
De son côté, la LFP a indiqué dimanche soir qu’une instruction disciplinaire serait ouverte dès jeudi par la commission de discipline de la Ligue.
Quelles sont les sanctions possibles ? L'arsenal disciplinaire de la LFP est assez large. En cas de responsabilité établie du club receveur, la ligue peut décider d’infliger une simple amende, un huis clos partiel ou total. Mais, en fonction des résultats de l’enquête, elle peut aussi sanctionner plus durement Amiens qui pourrait avoir le match perdu, voire un retrait de points.