Le sélectionneur de l'équipe de France Didier Deschamps a estimé jeudi que les équipes nationales avaient été "abandonnées avant la Coupe du monde" au Qatar par les "instances" sur le port du brassard arc-en-ciel, que des sélections avaient envisagé avant d'y renoncer. "Nous avons été abandonnés avant cette Coupe du monde parce que la responsabilité appartient aux instances, et donc c'était la libre décision des uns et des autres" de s'exprimer sur le sujet, a déclaré Didier Deschamps devant la commission de l'Assemblée nationale dédiée aux "défaillances de fonctionnement au sein des fédérations de sport".
"S'il y a une action collective et générale, c'est mieux"
"La décision de tenir la Coupe du monde au Qatar a été prise avant que je sois sélectionneur ou que Noël Le Graët" soit président de la Fédération française de football (FFF) - ce dernier a depuis démissionné, en février -, a dit le sélectionneur des Bleus. "Les semaines avant (le Mondial), des sujets non-sportifs viennent et on demande aux acteurs de prendre position, en ayant selon les pays et les cultures des sensibilités différentes", a-t-il ajouté.
"On est sur les décisions de la Fifa, il y a un cahier des charges, vous devez suivre les recommandations de la Fifa", a souligné Didier Deschamps pour justifier que l'équipe de France - à l'image de toutes ses concurrentes - n'a pas porté le brassard dédié à la lutte contre l'homophobie. "S'il y a une action collective et générale, c'est mieux", a-t-il dit, avant d'expliquer "avoir déjà suffisamment de choses à (s')occuper en interne" sur le plan sportif. L'homosexualité, comme les relations sexuelles hors mariage, sont criminalisées au Qatar, ce qui a valu de vives critiques aux autorités qataries et à la Fifa.
Huit fédérations d'Europe occidentale avaient un temps envisagé de faire porter à leur capitaine un brassard arc-en-ciel "One Love", mais elles y avaient finalement renoncé, invoquant des menaces de sanctions sportives de la Fifa. Lors de la photo officielle avant leur premier match, contre le Japon le 23 novembre, les joueurs allemands s'étaient mis la main devant la bouche, dans un geste universel de bâillon, pour signifier leur indignation devant ce qu'ils considéraient être une atteinte à leur liberté d'expression.
Une attitude vivement critiquée au Qatar et dans des pays non occidentaux, sous le reproche de mêler sport et politique. Le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, avait exprimé son opposition au brassard "One Love".