Miraildes Maciel Mota, dite Formiga, petit bout de femme d'un mètre 62, passerait quasiment inaperçue. C'est pourtant un monument du football mondial. L'internationale brésilienne, âgée de 41 ans, s'apprête en effet à disputer en France sa septième Coupe du monde, un record absolu, que ce soit chez les femmes ou chez les hommes. Alors que le Brésil entre en lice ce dimanche, face à la Jamaïque, à Grenoble, Europe 1 a rencontré la joueuse en amont du tournoi, au centre d’entraînement du Paris Saint-Germain, son club actuel, à Bougival, dans les Yvelines.
Se cacher pour jouer au foot avec les garçons
Quand Formiga a débuté le football, au milieu des années 1990, au Brésil, la moitié de ses coéquipières en sélection n’étaient pas nées. Et l'époque était bien différente. "C'était très compliqué pour une fille de jouer au football", explique la Brésilienne à Europe 1. "Il n’y avait pas d’équipe de filles, pas de structures, je devais me cacher pour jouer avec le garçons. C’était une époque très dure où il n’était pas normal d’être une fille footballeuse. Il y avait plein de préjugés."
Du Brésil à la Suède, en passant par la France, Formiga, "la fourmi" en Portugais, a connu toutes les évolutions du football féminin et elle voit forcément en bien les changements qui se ont opérés au fil des années. "Quand j’ai commencé, ce n’était pas comme ça", raconte-t-elle. "Maintenant, les joueuses sont déjà formées, elles savent ce qu’elles veulent. Les temps ont changé, il y a plein d’aides de la part de la Fédération, de la Fifa, qui permettent aux filles de jouer au football."
Si jouer au football semble désormais plus naturel pour les filles, certaines barrières subsistent. Pour Formiga, il faut passer outre. "C’est comme tout dans la vie, quand tu reçois un non, il faut aller de l’avant, croire en ses rêves. Si une porte se ferme, change de direction pour trouver un autre chemin, il ne faut pas lâcher", philosophe-t-elle.
Une icône du foot féminin
À 41 ans, Formiga vient de prolonger son contrat au Paris Saint-Germain jusqu’en juin 2020, et elle a été sortie de sa retraite internationale par le sélectionneur Vadao. Elle sera en France la joueuse la plus âgée du Mondial. "C’est une légende planétaire, il n’y a pas de mots pour la décrire", s’extasie son entraîneur au Paris Saint-Germain Olivier Echouafni au micro d'Europe 1. "C’est une chance pour moi de l’avoir. Quand elle arrêtera, j’espère qu’elle aura une statue, à Paris ou ailleurs, car c’est une icône."
Une icône qui n’échappe pas aux bons mots de ses partenaires. Et elle s'en amuse. "C’est vrai, j’en ris de cette situation avec mes coéquipières en sélection, je leur dit : 'Hey, respecte-moi, car j’ai presque l’âge de ta maman ou de ta grand-mère (sourires)… C’est normal, ça arrive." Son sélectionneur, Vadao, l’appelle affectueusement "senhora", "madame" en portugais.
"On peut dire un peu quand même que c’est un peu une légende", renchérit sa jeune coéquipière et joueuse de l’équipe de France Grace Geyoro. "'Formi', c’est un exemple, on joue au même poste, elle enchaîne les matches, repart avec sa sélection. Quand c’était son anniversaire, on la chambrait un peu sur son âge, mais sinon, elle n’aime pas ça (rires). "
Un admirateur nommé Marquinhos
Formiga ne laisse pas insensible ses compatriotes masculins du Paris Saint-Germain, comme Marquinhos. "J’aimerais connaître sa potion magique pour durer comme ça au haut niveau", lâche dans un éclat de rire le défenseur auriverde, 25 ans, à Europe 1. "C’est impressionnant tout ce qu’elle a fait pour le football. Elle mérite tout ce qui lui arrive, c’est quelqu’un qui fait des efforts énormes alors qu’elle a beaucoup été jugée à l’époque. Elle a gagné le respect. Formiga continue à faire des matches énormes, elle joue en sélection. C’est un plaisir de la voir encore jouer, qu’elle continue à donner de la joie et de l’espoir."
Formiga l’admet volontiers, le Brésil, qui n'a jamais été titré chez les femmes, n’est pas favori dans cette Coupe du monde, la faute à un creux de génération. Elle espère néanmoins aller le plus loin possible dans la compétition, même si ce Mondial n’est pas une fin en soi pour elle. "Formi" se projette toujours vers l’avant et vise… les Jeux olympiques de Tokyo, en 2020. Elle aura alors 42 ans et disputerait ses… 8èmes JO. Ce qui constituerait un record de plus pour l’insatiable brésilienne…