La Coupe du monde féminine 2023, organisée l'été dernier en Australie et en Nouvelle-Zélande, fut celle de tous les records en matière d'audience télévisuelle et d'affluence dans les stades. Pourtant, le football féminin fait toujours face à une montagne de difficultés, comme le révèle un rapport de la Fifpro, la Fédération internationale des associations de footballeurs professionnels.
Pour élaborer ces conclusions, l'instance a pu recueillir le témoignage des joueuses de 26 équipes, sur les 32 ayant participé à la compétition. Il en ressort d'importants problèmes de "préparation, de récupération et d'indemnisation". Dans le détail, 66% des sondées estiment que leur forme physique n'était pas optimale au moment d'entamer le tournoi, soulignant ainsi les difficultés liées au "calendrier" des matches, assure la Fifpro.
"Mentalement épuisant"
Par ailleurs, un peu plus de la moitié des joueuses interrogées (53%) jugent leur temps de repos insuffisant avant leur premier match de Coupe du monde, mais aussi entre le terme du tournoi et la reprise des compétitions en club. Six joueuses sur dix estiment ainsi ne pas avoir bénéficié d'un temps de récupération adéquat avant de reprendre le chemin de l'entraînement. Une pause de "moins de deux semaines" pour 86% des joueuses, écrit l'instance qui recommande "une pause hors saison de quatre semaines, avec une période de réentraînement de six semaines".
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Une configuration impossible à mettre en œuvre cette année, car la Fifa avait choisi de décaler de quelques semaines l'organisation du Mondial, dont la finale s'est disputée le 20 août. Une date à laquelle les joueuses sont, traditionnellement, en pleine préparation estivale avec leurs clubs. Passer de l'un à l'autre fut "mentalement épuisant", selon une joueuse, citée par la Fifpro.
L'enquête met également en lumière les rémunérations accordées aux joueuses qui apparaissent insuffisantes. Parmi les joueuses ayant disputé la Coupe du monde, 33% gagnent moins de 30.000 dollars par an et une sur cinq se voit contrainte de compléter ses revenus par un emploi à côté du football.
Des carences en matière de santé mentale
Enfin, la Fifpro alerte sur les conditions de transport et de prise en charge auxquelles ont été confrontées les principales intéressées. Ainsi, seules 80% d'entre elles ont effectué leur voyage retour en classe business. Un chiffre impensable dans le milieu du foot masculin. Autres chiffres éloquents : "10% des joueuses n'ont pas subi d'examen médical avant la compétition et, statistique inquiétante, 22% n'ont pas passé d'électrocardiogramme (ECG), alors que ces deux examens sont prévus dans les règlements de la Fifa pour les compétitions", affirme la Fifpro. Et en matière de santé mentale, des lacunes persistent puisque 60% des joueuses n'ont pas bénéficié d'accompagnement en la matière.
"Les joueuses ont besoin d'un environnement qui favorise leur bien-être général, de la santé mentale aux conditions de compétition, afin qu'elles aient la possibilité de donner le meilleur d'elles-mêmes en match", fait valoir la Dr Alex Culvin, responsable stratégie et recherche pour le football féminin au sein de la Fifpro.