Le président de la République Emmanuel Macron avait promis ne pas "renoncer aux caricatures" lors d'un hommage national rendu à Samuel Paty, ce professeur des Yvelines décapité le 16 octobre après avoir montré des caricatures du prophète Mahomet dans un cours sur la liberté d'expression. Invité d'Europe 1 Sport dimanche, le sélectionneur français de l'Arabie saoudite Hervé Renard, ancien entraîneur de Sochaux et Lille, a estimé que la prise de parole du président français a mis "mal à l'aise les Français qui sont à l'étranger".
"Il y a des propos qu'on peut communiquer d'une façon un peu différente"
Les propos d'Emmanuel Macron sur le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression avaient déclenché une large colère au Moyen-Orient et plus largement dans le monde musulman. Dans certains pays à majorité musulmane, des fidèles avaient réagi avec colère, brûlant des portrait du président français lors de manifestations, et une campagne a été lancée pour boycotter les produits français.
"Je ne fais pas de politique, mais je pense qu'il y a des propos qu'on peut communiquer d'une façon un peu différente, en étant peut-être ferme mais... Donc ça nous a mis en difficulté. Mais il faut assumer cette situation. On est Français, donc on le fait et puis on assume. Mais c'est sûr que ce n'est pas un point positif" pour les Français qui habitent comme lui dans ces pays, a ajouté Hervé Renard.
"On met un petit peu d'huile sur le feu"
"On va dire, si on veut résumer, qu'on met un petit peu d'huile sur le feu. Et l'huile sur le feu fait que ça s'embrase dans certains endroits." L'ancien sélectionneur du Maroc a regretté "un amalgame qui est fait par des gens qui ont l'intention aussi de faire cet amalgame". "Il y a 95%, peut-être 98% des gens qui vont être un peu surpris des propos mais ne vont peut-être pas réagir de façon manifeste ou autre. Mais bon, il y aura toujours une minorité...", a-t-il poursuivi.
Alors qu'il a retrouvé récemment ses joueurs pour la première fois depuis décembre 2019, Hervé Renard a néanmoins réaffirmé que son objectif était de qualifier sa sélection pour la Coupe du monde au Qatar prévue en 2022. "Je suis bien où je suis et je ne partirai pas pour des raisons politiques, parce qu'on ne fait pas de politique quand on fait du sport."
Emmanuel Macron avait tenté d'apaiser la colère qui montait dans le monde musulman en assurant comprendre, dans un entretien à la chaîne Al-Jazeera, que des musulmans puissent être "choqués" par les caricatures de Mahomet, tout en dénonçant les "manipulations" et "la violence".