Le président de l'UCI David Lappartient a été élu jeudi président du Comité olympique français (CNOSF), héritant, à un an des Jeux de Paris, d'un poste vacant depuis la démission de Brigitte Henriques, début d'une nouvelle ère pour cette maison traumatisée par une crise de plus d'un an et demi. Le suspense, depuis quelques jours, était presque de pure forme. Le maire de Sarzeau dans le Morbihan, membre du CIO, a été élu avec 80% des voix par le conseil d'administration face à Emmanuelle Bonnet-Oulaldj, la coprésidente de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT). Il a réuni 36 voix contre 8 pour sa rivale, trois administrateurs n'ayant pas pris part au vote et un s'étant abstenu.
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L'élection de ce poids lourd des institutions sportives françaises ouvre une nouvelle ère pour le CNOSF qui a traversé la plus grave crise de son histoire pendant près d'un an et demi, jusqu'à la démission surprise de Brigitte Henriques le 25 mai.
"Tourner la page"
L'ex-présidente, élue en juin 2021, avait jeté l'éponge après des mois de luttes intestines et d'une guerre des clans qui avait plongé cette institution dans une situation "intenable", selon une source proche des arcanes sportives. La tempête avait éclaté le 22 septembre 2022 avec l'éviction de l'ancien bras droit de Brigitte Henriques, Didier Séminet, officialisant ainsi un conflit larvé depuis des mois entre la présidente et son secrétaire général. Ce départ avait déclenché une noria de crises en interne, entremêlée de plaintes mutuelles entre l'ex-présidente et son ancien secrétaire général, et installant une guerre de tranchées dans laquelle l'ancien président du CNOSF, Denis Masseglia, a joué un rôle actif.
"On a vécu depuis plus d'un an une période troublée. On s'était un peu éloigné des valeurs olympiques ces dernières années donc j'espère que nous allons tourner la page", a déclaré David Lappartient face aux journalistes après son élection. "Il faut regarder l'avenir avec sérénité J'ai ressenti (...) une volonté partagée", a-t-il ajouté.
Lappartient exercera de manière bénévole
David Lappartient, qui avait promis dans son programme d'œuvrer au "rassemblement" et à l'"unité", a confirmé qu'il exercerait sa nouvelle fonction de manière bénévole. Il avait également promis de "réduire la voilure de manière sensible" quant à ses différents mandats. Le nouveau patron du mouvement olympique français, également président du conseil départemental du Morbihan, exerce une dizaine de mandats sportifs et électifs, ce qui a soulevé nombre d'interrogations sur le temps qu'il pourrait consacrer à ce nouveau mandat.
"Ça ne va pas être si simple que ça, d'autant que je n'avais pas prévu d'être président du CNOSF. Ça m'oblige à lâcher du lest, particulièrement sur des mandats locaux", a-t-il promis. Il a notamment annoncé jeudi qu'il démissionnerait dès lundi de la présidence du Parc national régional du Morbihan (PNR) et a assuré qu'il serait présent "physiquement toutes les semaines" au CNOSF.
"Défi énorme"
Durant la campagne, son image a quelque peu été égratigné, notamment par le quotidien Le Monde, qui a évoqué des liens controversés avec l'oligarque russo-turkmène Igor Makarov, et fait état d'un signalement d'Anticor le visant. Ce signalement fait au procureur concerne des marchés passés par le Parc national régional avec une société dont le dirigeant est l'ex-mari de son ex-directrice. "J'ignorais ce lien familial", s'est défendu David Lappartient dans un mail envoyé aux membres du CNOSF dont l'AFP a eu connaissance, reconnaissant "une erreur".
"Franchement c'est un bon signal, et une bonne chose qu'il ait été élu aussi largement. Ça va rassurer pas mal de monde", a commenté après le scrutin un président de fédération sous le sceau de l'anonymat. "Le mouvement sportif a montré dans les derniers mois sa pire face avec une désunion historique. L'élection de David Lappartient doit marquer la fin de cette période à vite oublier", a réagi de son côté le président de l'Association des directeurs techniques nationaux (DTN), Ludovic Roye, auprès de l'AFP.
Le nouveau président du CNOSF a également rappelé qu'au-delà du travail de réunification de la maison du sport français, les Jeux de Paris-2024 constituaient un élément essentiel de son mandat. "On a la chance d'accueillir les JO en France en 2024, c'est un défi énorme. On doit être au rendez-vous. Le Comité olympique doit être complètement mobilisé sur ça", a-t-il dit.