C'est aussi la rentrée pour les Bleus. Le sélectionneur Didier Deschamps doit annoncer jeudi la composition du groupe qui va disputer deux matches la semaine prochaine, contre l'Allemagne et les Pays-Bas. Mais depuis leur triomphe à Moscou, les joueurs sont déjà entrés dans une autre dimension. Pour beaucoup d'entre eux, leur nouveau statut de champion du monde est venu bousculer leur quotidien, et l'industrie du foot ne s'en porte pas plus mal.
Une fiche de paie en (très) nette hausse
Changement le plus perceptible pour les joueurs : le regard que l'on porte sur eux. Et d'abord dans la rue. Ainsi, Alphonse Areola, le gardien du PSG, s'étonne encore de la curiosité qu'il suscite désormais. Les regards ont changé, et depuis cet été, les sollicitations des fans, des médias et des sponsors n’ont pas arrêté. "C'est toujours difficile de rester concentré, mais il faut aussi profiter de ça, et surfer sur la vague", confie-t-il à Europe 1.
Pour beaucoup, "surfer sur la vague" signifie faire fructifier son palmarès et le capital sympathie qui en découle. Les Bleus sont devenus des poules aux œufs d'or que tout le monde s'arrache. Les marques sont actuellement en train de se battre pour décrocher l'image de Benjamin Pavard, la grande révélation du Mondial 2018. Plusieurs dizaines de grands groupes lui ont fait des propositions de partenariat : marques de prêt-à-porter, de montres, de sodas ou encore d'automobiles. De son côté, le défenseur du PSG Presnel Kimpembe vient de renégocier un contrat dont le salaire mensuel a bondi de… 700%. En devenant champion du monde, un joueur augmente en effet de 15 à 30% sa valeur sur le marché des transferts.
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Au milieu de la valse des partenariats, un nom revient, celui de Kylian MBappé. Le jeune joueur a le potentiel pour devenir la future star du foot mondial. Tous les ingrédients sont réunis pour faire sauter la banque, d'autant que pour l'heure il n'a qu'un seul gros sponsor : Nike. Il est le footballeur qui polarise toutes les attentes, toutes les convoitises, c'est-à-dire le visage de l'avenir du ballon rond et de son business.
Les petits clubs submergés par les demandes
Financièrement, l'effet coupe du monde se mesure aussi sur les terrains amateurs, avec une multiplication des licences. Jacky Cerveau, le président délégué de la Ligue de football de Normandie, peut ainsi se féliciter d'avoir trois champions du monde dans sa région. De quoi créer un véritable engouement, notamment chez les filles :"Aujourd'hui, on a vraiment mis en place des structures dédiées aux équipes féminines , explique-t-il, tout en saluant la diversité des nouveaux profils. En 1998, la France avait enregistré 250.000 licences supplémentaires, et l’effet s’était fait ressentir jusqu’en 2006. "Cette année, c'est la deuxième fois. On est très heureux d'être champion du monde, mais on sent un essoufflement […]. Si l'on se fixe à 100.000 ou 150.000 licenciés (en Normandie, ndlr), ce sera une très belle réussite", relève-t-il au micro de Nikos Aliagas.
Mais avec la baisse des dotations publiques, les petits clubs locaux n'ont pas toujours les moyens de répondre à la demande, et doivent donc réfléchir à des aménagements. "Est-ce qu'il ne faut pas réduire chez les jeunes les temps où on les accueille pour permettre, sur une durée égale à celle qui se fait aujourd'hui, d'avoir plus de jeunes avec le même entraîneur ?", interroge Jacky Cerveau.
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La FFF remplit ses caisses
Pourtant, au niveau national, l'argent afflue. La Fédération française de football a déjà touché 30 millions d'euros de prime de victoire avec le mondial. Mais comme l'explique l'économiste du sport Pierre Rondeau, ce n'est pas terminé car les ventes de maillots vont peser lourd. "La Fédération va toucher entre 5 et 10% par maillot vendu et pourrait tout à fait s'attendre à en vendre un million", calcule-t-il. Soit entre 5 et 10 millions d'euros rien que sur ce créneau. "Ce qui est certain, c'est qu'il va y avoir un engouement au niveau de la billetterie. Tout le monde va vouloir se ruer sur les matches de l'équipe de France. Avec ça, la Fédération va pouvoir drainer encore plus d'argent vers la globalité du football national", poursuit l'économiste.
Des partenariats particulièrement juteux pour les sponsors
Si la Fédération a de quoi se frotter les mains, les marques aussi vont pouvoir augmenter leur part de marché en affichant un champion du monde en tête de gondole. Chez Volkswagen, par exemple, des études internes montrent que les consommateurs s’intéressent plus à la marque dès lors qu’ils savent qu'elle sponsorise les Bleus. À ce stade, le plus à gagner est encore difficile à estimer. "Sur l'image de l'équipe de France, on enregistre trois à quatre points supplémentaires de part de marché. Très clairement, c'est dû à notre partenariat et à la communication que l'on met en place sur l'ensemble des points de contact", explique de son côté Georges-Henry Bediou, responsable sponsoring chez PMU, l'un des partenaires officiels des Bleus. "Une équipe de France championne du monde, c'est l'actif le plus bankable. On a atteint des records. La finale de la Coupe du monde a représenté 4,7 millions d'euros d'enjeux, c'est le double de l'Euro 2016", conclut-il.