Du suspense, du jeu, de la tension, une ambiance de folie et la victoire au bout : l'équipe de France ne pouvait rêver plus beau double, samedi ,en finale de la Coupe Davis. Portés par un stade Pierre-Mauroy en fusion, Richard Gasquet, lui aussi en feu, et son partenaire Pierre-Hugues Herbert ont permis aux Bleus de virer en tête, deux rencontres à une face à la Belgique, et surtout de se rapprocher d'un dixième Saladier d'argent. La paire française, jamais alignée ensemble avant cette folle après-midi, a pris le dessus sur le duo Ruben Bemelmans-Joris de Loore après un combat en quatre sets (6-1, 3-6, 7-6[2], 6-4) et de plus de trois heures. Une troisième victoire, dimanche, et le rêve de cette génération si souvent frustrée sera (enfin) exaucé.
Le troisième set, tournant du match. Les Français ont pourtant joué sur un fil, suspendu plusieurs mètres au-dessus du vide, pendant une bonne partie de la rencontre. Car la promenade de santé de la première manche (6-1), bouclée en 30 minutes chrono, a été un trompe-l'œil. Les Belges, vite revenus dans le match en remportant le deuxième set (3-6), ont été tout proche de gagner le troisième.
Menée 5-3, la paire française a trouvé les ressources pour débreaker et s'offrir un jeu décisif. Jusqu'alors irrespirable, l'air ambiant a définitivement tourné en faveur des Français. Libérée, virevoltante à l'image d'un Richard Gasquet de gala, la paire tricolore n'a laissé aucune chance à Bemelmans et de Loore.
Débreak français !!! 5-5 dans la troisième manche. C’est le à Pierre-Mauroy !
— Julien Ricotta (@julienricotta) 25 novembre 2017
La force mentale du duo français. Mais les Belges, pas les joueurs les plus connus du circuit ATP, n'ont pas laissé tomber. Accrocheurs, Bemelmans et de Loore ont une nouvelle fois poussé Gasquet et Herbert dans leurs retranchements. Les Français, parfois inconstants mais jamais résignés, ont ainsi sauvé plusieurs balles de break dans la quatrième manche. "On savait qu'il fallait être solide dans la tête pour gagner ce match-là", a déclaré Richard Gasquet, interrogé après la rencontre. Du mental, ils en ont fait preuve jusqu'au bout pour breaker (4-3) et prendre, définitivement, l'ascendant dans un stade Pierre-Mauroy en délire (6-4).
Gasquet a tout fait. Les supporters français n'ont eu d'yeux que pour lui, ou presque. Samedi, on a vu le Richard Gasquet qu'on aime : (ultra) motivé, solide au service et toujours capable d'incroyables fulgurances avec son revers de rêve. Souvent pointé du doigt pour son mental défaillant, le Biterrois a parfaitement secouru Pierre-Hugues Herbert, longtemps en difficulté dans ce double et auteur de nombreuses double-fautes. "J'étais très content que Richard soit là pour nous sauver", a reconnu "P2H" en conférence de presse. Mais qu'importe, "Richie" était là, et bien là.
stuff from @richardgasquet1 in the opening set of the doubles#DavisCupFinalpic.twitter.com/3SfJY4xy9x
— Davis Cup (@DavisCup) 25 novembre 2017
L'apothéose pour Tsonga ou un autre ? Avec une telle performance de l'ancien prodige du tennis français, le débat va forcément être posé : Yannick Noah doit-il titulariser Gasquet pour un éventuel cinquième match décisif face à Steve Darcis ? "J'ai du temps, je vais décider au dernier moment", a assuré Yannick Noah en conférence de presse. Le capitaine n'aura peut-être pas l'occasion d'y penser, si Jo-Wilfried Tsonga signe l'exploit de remporter le premier simple de la journée de dimanche face à David Goffin, la star belge en forme exceptionnelle en ce moment. Mais qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait le Saladier.