Sur le papier, il n'y a pas de match. Mais Les Herbiers sont bien décidés à le disputer. Mardi soir, le petit club vendéen, toujours pas assuré de se maintenir en troisième division la saison prochaine, défie l'immense Paris Saint-Germain en finale de la Coupe de France. Stars, budget, palmarès… Un monde sépare le PSG, triple tenant du titre, du "Petit Poucet", où aucun joueur n'est payé plus de 3.000 euros par mois. Tombeurs d'Auxerre, Lens puis Chambly, Les Herbiers n'ont affronté aucun club de Ligue 1 pour atteindre ce stade de la compétition. Réguliers, ambitieux et soutenus par toute une région, ils s'apprêtent pourtant à fouler la pelouse du Stade de France.
Une ville plus riche en agences d'Intérim qu'en boulangeries
Le dynamisme du territoire est d'abord économique. Aux Herbiers, l'histoire est connue et bien rodée : un(e) entrepreneur(e) local(e) créé sa société, qui devient une PME, puis au fil des ans, une grande entreprise. Résultat : dans une France qui peine à faire baisser son niveau de chômage, le problème de la ville, plus riche en agences d'Intérim qu'en boulangeries, serait plutôt le manque de bras. "Cet entrepreneuriat que l'on a en nous, on le duplique dans le sport", assure Michel Landreau, le président du club soutenu par un réseau de 120 partenaires.
Le nouvel ambassadeur d'une "terre de foot"
Mais le président garde les pieds sur terre : en Vendée, les belles aventures footballistiques, portées par l'enthousiasme d'une région qui rêve de soutenir un club professionnel, se sont récemment avérées fragiles. À Luçon, ville du sud du département à l'économie moins florissante, le club a déposé le bilan en 2016, après trois saisons en National. L'année précédente, le Poiré-sur-Vie, également pensionnaire de National, avait jeté l'éponge et demandé une rétrogradation. "La Vendée est une terre de foot, donc tout le monde a envie, mais l'envie ne suffit pas. Il faut des résultats. Et quand on a des résultats, on peut faire adhérer beaucoup plus de monde", résume Michel Landreau.
Des joueurs signés pour une seule saison
En attendant, le club des Herbiers fonctionne sur un budget inférieur à la moyenne de National : 2,7 millions d'euros par an. Conséquence : le groupe se reconstitue chaque année. "Je ne fais pas de contrat de 2 ou 3 ans, car si on descend, cela nous mettrait dans le rouge. Le parcours en Coupe de France, on ne pouvait pas le prévoir…" explique Michel Landreau. Quoi qu'il arrive mardi, Les Herbiers empocheront de quoi fidéliser une partie de l'effectif : 1,5 million en cas de défaite, 2,4 en cas de victoire.
Un hymne composé par Philippe Katerine
"On les attendait pas à ce niveau-là, mais comme des Écossais, il n'ont jamais baissé les bras". La "punchline" est signée Philippe Katerine, vendéen et fidèle soutien du club. Début avril, le chanteur a composé "85 Rouge et Noir", un titre sur le parcours des Herbiers, aux côtés d'une autre star du cru, le rappeur MC Circulaire, qui s'époumone : "C'est la revanche de la province contre Paname, l'éternel duel de David contre Jonathan".
Dimanche, à quelques jours de la finale, Philippe Katerine est allé jusqu'à livrer son analyse footballistique au JDD, non sans une pointe d'ironie : "Il y a toujours un doute, on va donc respecter le PSG et aborder ce match avec sérieux. Mais je crois que c'est une équipe en déroute. Parce que Verratti, son poumon (récemment opéré d'une pubalgie, ndlr), ne sera pas là. Et parce que Emery a déjà foutu le camp. Or une équipe sans entraîneur est comme un poulet sans tête, elle court sans savoir où elle va."
Un ancien coéquipier de Kylian Mbappé en attaque
Petite histoire dans la grande, deux joueurs vont se croiser quinze ans après, mardi soir : Rodrigue Bongongui, l'attaquant des Herbiers et Kylian Mbappé, la jeune vedette du PSG et de l'équipe de France, ont tous les deux fréquenté enfants le club de l'AS Bondy en région parisienne, avant de connaître des trajectoires bien différentes. "On verra s'il se souvient de moi, parce qu'il était petit, mais bien sûr que j'aimerais échanger quelques petits mots avec lui et pourquoi pas nos maillots", espère Bongongui, qui a évolué à Sedan puis au Paris FC… tandis que son ancien coéquipier passait de Monaco au PSG.