Elle figure aux côtés de la Coupe de l’America ou du Vendée Globe parmi les courses de voile de légende : la Route du Rhum s’élance dimanche de Saint-Malo, en Bretagne, direction Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, pour 3.543 milles nautiques, soit 6.562 km pour les concurrents, et une semaine de traversée de l'Atlantique qui va tenir en haleine les passionnés. Europe 1 vous présente les principales informations à connaître avant de vous jeter dans le grand bain avec les skippers.
Un départ dimanche à 14 heures, avec sécurité renforcée
Le départ de la 11ème édition de la Route du Rhum est prévu dimanche à 14 heures à Saint-Malo, en Vendée. Pourquoi en novembre ? Parce qu’entre juin et octobre, le risque de voir un cyclone se développer dans l’Atlantique Nord est trop élevé pour permettre l’organisation d’une course d’une telle ampleur. Et pourquoi pas en avril ou en mai alors ? Parce que les alizés qui poussent les bateaux vers l'Amérique soufflent plus fort en automne et en hiver qu'au printemps, ce qui explique que les courses au large partent plutôt début novembre.
Et pourquoi cet horaire de 14 heures ? Parce que l'habitude a été prise de donner le départ peu après 13 heures, dans les journaux télévisés. Aujourd'hui, les JT sont davantage demandeurs de sujets au plus près des bateaux, avant leur départ, ce qui explique cet horaire.
Cette année, ce ne sont pas moins de 123 embarcations qui vont prendre le départ. Face à l'afflux de candidatures, l'organisation a même été contrainte de limiter le nombre de concurrents et de prendre des mesures pour que le départ se déroule dans de bonnes conditions. Il ne sera ainsi plus possible pour les plaisanciers et les navires à passagers affrétés par les sponsors de se positionner derrière les coureurs pour les suivre.
"On n'imagine pas aux 24 Heures du Mans voir les voitures prendre le départ et être suivies par une flopée très hétérogène de véhicules", note le porte-parole de la préfecture maritime Riaz Akhoune. Des corridors ont ainsi été mis en place, au plus près des côtes pour les centaines de plaisanciers attendus, au milieu pour les coureurs et enfin au plus loin pour les navires à passagers. L'objectif : la sécurité pour tous.
Objectif moins d’une semaine : vers un record de la traversée ?
Sept jours, 15 heures, 8 minutes et 32 secondes pour traverser l'Atlantique : c'est la marque qu'a établie en 2014 Loïck Peyron, ce qui correspond à la meilleure performance jamais réalisée sur la Route du Rhum. Celle-ci devrait être effacée en fin de semaine prochaine. Pourquoi ? Parce que les embarcations ne cessent de gagner en efficacité et en célérité. Un cap a été franchi cette année. Les Ultime, ces maxi-trimarans dernière génération équipés de foils (ailes profilées situées sur le côté des bateaux), sont capables de filer à 45 nœuds, soit une vitesse d'environ 85 km/h. Le premier d'entre eux pourrait être en vue du port de Point-à-Pitre dès le samedi 10 novembre, soit six jours après le départ.
Gabart, Coville, Le Cléac’h… Les prétendants à la victoire
Six Ultim vont prendre la Route, dimanche. Si l'on met de côté Romain Pilliard, d'abord là pour sensibiliser à l'économie circulaire avec son bateau Remade - Use it again !, les cinq autres Ultim seront barrés par des grands noms de la course au large : Thomas Coville (Sodebo Ultim), François Gabart (Macif), Sébastien Josse (Maxi Edmond de Rothschild), Francis Joyon (Idec Sport) et Armel Le Cléac'h (Banque populaire). Le futur vainqueur, et peut-être le futur recordman de l'épreuve, se trouve sans aucun doute dans ces cinq noms.
Et si l'on ne devait ne retenir qu'un nom, ce serait sans doute celui de François Gabart, vainqueur du Vendée Globe en 2012-13 et qui avait déjà remporté la Route du Rhum, mais dans la catégorie Imoca, en 2014. Le "petit prince de la mer", 35 ans seulement, possède déjà un palmarès exceptionnel. En cas de soucis pour les Ultim, les Imoca, la catégorie d'en-dessous, celle qui dispute le Vendée Globe (tour du monde en solitaire), seront à l'affût pour la victoire.
Loïck Peyron, un tenant en mode hommage
Lui ne sera à la barre ni d'un Ultim ni d'un Imoca. Il est pourtant le dernier vainqueur de l'épreuve. Mais, à 58 ans, Loïck Peyron a décidé de voyager dans un bateau "vintage", Happy, un voilier de 12 mètres, afin d'honorer les pionniers de la course au large, alors que la Route du Rhum fête cette année son 40ème anniversaire. En 1978, un Canadien quasi inconnu, Mike Birch, remportait sur Olympus la première édition de la transat sur un petit multicoque, à l'époque où les monocoques dominaient.
La première édition de la Route du Rhum, en 1978, a notamment marqué les esprits avec la disparition du navigateur Alain Colas et son bateau "Manureva". Une histoire contée par Christophe Hondelatte le 26 septembre dernier et que vous pouvez réécouter ici :
Vous pouvez réécouter les histoires de Christophe Hondelatte en vous abonnant à ses podcasts en cliquant ici.
"Ce n'est pas le genre de choses qui me faisaient rêver il y a 20 ans, et ce n'est pas du tout une reconversion dans le classique, ça ne m'intéresse pas du tout", explique le double vainqueur de la transat Jacques-Vabre. "Mais c'est une façon de rendre hommage à tous ces gens grâce à qui on est là aujourd'hui et montrer qu'il y a plein de manières de s'exprimer sur l'eau." Auteur du record il y a quatre ans en un peu plus d'une semaine, Loïck Peyron, seulement équipé d'un sextant, d'une boussole et d'une carte, devrait cette fois mettre trois fois plus de temps environ, soit entre 20 et 25 jours.
Une course, plein d’histoires
L'histoire de Loïck Peyron est l'une des nombreuses histoires qui font cette Route du Rhum 2018. On aurait pu également vous parler de la Britannique Sam Davies et de Romain Attanasio, couple à la ville, qui vont disputer l'épreuve chacun de leur côté, sur un Imoca; de Fabrice Payen, qui va prendre le départ équipé d'une prothèse de jambe ou de Damien Seguin, champion paralympique privé de sa main gauche; de la star anglaise de la course au large, Alex Thomson, deuxième du dernier Vendée Globe, qui va disputer sa première Route du Rhum; du champion olympique de la perche, Jean Galfione, qui se lance une deuxième fois, ou encore du Japonais Hiroshi Kitada qui, à 54 ans, aura simplement l'objectif "d'aller au bout" pour tenter de susciter des vocations de marin dans son pays. Sur cette Route du Rhum, épreuve historique de la voile, il y a 123 marins au départ. Et autant d'histoires à raconter…