C'est une assemblée générale au suspense assez limité qui attend Philippe Diallo ce samedi. Le président par intérim de la Fédération française de football devrait, sauf immense surprise, voir son bail prolongé à la tête de l'instance qu'il dirige depuis la démission de Noël Le Graët en février dernier. Au micro de Jacques Vendroux pour Europe 1, cet homme de l'ombre, soudainement propulsé en pleine lumière, est revenu sur ces derniers mois particulièrement agités dans les coursives de la "3F".
À commencer par les multiples griefs adressés à l'ex-dirigeant Noël Le Graët. Âgé de 81 ans et de plus en plus contesté, le Breton était également la cible de diverses accusations portant sur des SMS à caractère sexuel qu'il aurait envoyé à des collaboratrices de la Fédération. Ces révélations du magasine So Foot s'étaient accompagnées de plusieurs témoignages attestant d'un comportement "inapproprié" auxquels s'ajoutent des propos polémiques sur la Coupe du monde au Qatar et un mépris affiché à l'encontre de Zinedine Zidane qui aura constitué le dérapage de trop. De quoi conduire l'Armoricain à présenter sa démission le 28 février dernier.
Des moments difficiles après les départs de Le Graët et Hardouin
C'est donc une fédération au bord de l'implosion que prend en charge Philippe Diallo. L'intéressé a donc fait le choix de se réfugier dans le travail. "J'ai pensé que mon devoir, c'était d'abord de faire en sorte que la fédération et le football français continuent à fonctionner le mieux possible. Et cela demande beaucoup de travail au quotidien. J'ai donc été absorbé par beaucoup de dossiers et beaucoup de travail à la Fédération", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Cette période tourmentée, également marquée par le licenciement de Florence Hardouin, directrice générale de la "3F", a toutefois été difficile à encaisser sur le plan humain, concède-t-il. "Depuis l'automne 2022, il y a eu une campagne de presse très forte à la fois à l'encontre du président Le Graët, de la directrice générale de la Fédération couplée à une enquête ministérielle sur la fédération. Et tout ça a une dimension humaine très forte et a des répercussions sur la vie personnelle des uns et des autres, en particulier ceux qui ont été directement concernés", estime Philippe Diallo.
Le dirigeant de 59 ans, qui évoque un "goût du gâchis", a également tenu à saluer le bilan de son prédécesseur. "Il a réussi sportivement à amener le football français jusqu'à une victoire en Coupe du monde et il en a stabilisé l'économie. Et donc le retrouver dans une situation où il est amené à démissionner a forcément été douloureux pour tous ceux qui étaient à ses côtés".
"J'ai été confronté à un acte assez inédit"
Quelques mois plus tard, un autre épineux dossier est venu s'inviter au cœur de l'agenda de Philippe Diallo. Reprochant à la sélectionneuse Corinne Diacre un management trop brutal, plusieurs joueuses de l'équipe de France féminine avaient alors décidé de claquer purement et simplement la porte des Bleues. "J'ai été confronté à un acte assez inédit, c'est à dire des joueuses qui prennent la parole publiquement pour dénoncer leur sélectionneuse", se souvient-il, non sans dénoncer une "forme inappropriée".
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Néanmoins, après les conclusions d'un audit mené par plusieurs membres du comité exécutif de la FFF, Philippe Diallo prend la décision d'écarter la technicienne de 48 ans. Tout en complimentant "une femme droite qui a fait preuve de beaucoup de travail et de professionnalisme dans ses fonctions". C'est donc Hervé Renard, ancien sélectionneur de l'Arabie saoudite, de la Côte d'Ivoire ou encore du Maroc, qui aura la charge de piloter les Bleues lors du prochain Mondial (20 juillet - 20 août). "Un homme qui dégage un vrai charisme et qui, par l'énergie qu'il dégage, a déjà, je pense, transformé le visage de notre équipe de France", dit Philippe Diallo.
Enfin, le dirigeant s'est exprimé sur les révélations de l'ancien arbitre Nicolas Pottier dans une interview accordée à So Foot ce jeudi. Ce dernier dit avoir déposé plainte contre X le 14 février dernier pour un viol dont il aurait été victime en 2009. Tout en dénonçant l'ambiance délétère au sein de l'arbitrage français et la cabale homophobe menée à son encontre. "J'ai souhaité que tout de suite la fédération réagisse et prenne directement des initiatives", assure Philippe Diallo. "Nous avons tout de suite fait un signalement auprès du ministère des Sports pour que les choses soient tout à fait carrées de notre côté", conclut-il.