Tremblement de terre dans le foot français ! Canal+, la chaîne historique du championnat de France, ne devrait plus diffuser le moindre match de Ligue 1 dans deux ans, selon les résultats de l'appel d'offres pour les droits TV sur la période 2020-2024. Les Espagnols de Mediapro, qui font une entrée fracassante sur le marché français, ont en effet remporté les principaux lots mis aux enchères par Ligue de football professionnel (LFP). Les droits télé augmentent de plus de 60% pour atteindre plus de 1,1 milliard d'euros par saison.
Mediapro gagne gros, BeIN limite la casse
Mediapro, inconnu jusqu'ici en France, crée la sensation. Le groupe espagnol a remporté le lot n°1 qui comprend notamment les dix plus belles affiches de la saison et l'affiche du dimanche à 21 heures, et le lot n°2, qui comprend le vendredi 21 heures et le samedi 17 heures. Le lot n°3, qui compte le samedi à 21 heures et le dimanche à 17 heures, a été attribué à BeIN Sports. La chaîne, propriété du Qatar et désormais bien installée dans le paysage audiovisuel français, limite ainsi la casse. Deux des sept lots (dont un comprenant le Trophée des champions, trois multiplexes, dont la dernière journée, et les barrages) n'ont cependant pas été attribués, le prix de réserve n'ayant pas été atteint.
Canal+ perd tout (pour l'instant)
Le coup est en revanche très rude pour Canal+. La chaîne cryptée, le diffuseur historique du foot français depuis sa création en 1984, ne devrait plus diffuser la moindre rencontre à partir de 2020. Canal+ a pourtant fait des offres sur "chacun des sept lots" mis en vente, a précisé Didier Quillot, le directeur général de la LFP. "Il y a une certitude, c'est que Canal ne mourra pas d'avoir payé trop cher des droits sportifs comme la plupart des ses concurrents", s'est défendu le président du directoire de la chaîne cryptée, Maxime Saada.
À ce stade, le mode de diffusion choisi par Mediapro reste cependant un mystère. Le groupe espagnol devrait, selon toute vraisemblance, créer une chaîne afin de diffuser les rencontres de Ligue 1. "Ce qui nous a été remis de la part de Mediapro, c'est le projet d'une chaîne éditoriale avec de nombreux matches et c'est pourquoi ils ont fait des offres sur de nombreux lots", a assuré Didier Quillot. Mediapro pourrait aussi "sous-licencier" une partie des lots, c'est-à-dire les revendre à d'autres opérateurs. Un projet qui pourrait justement intéresser Canal+. Il existe "pour la première fois la possibilité de sous-licences, donc on va discuter", a déclaré Maxime Saada. Tout n'est donc peut-être pas perdu pour Canal+.
Les clubs et la LFP se frottent les mains
Cet appel d'offres est une immense réussite pour la LFP. Le montant des droits, en hausse de plus de 60%, constitue "une augmentation significative qui va permettre d'accélérer le cercle vertueux que nous avons commencé à créer", selon Didier Quillot. Les présidents de clubs sont également aux anges, les revenus de ces droits TV étant redistribués. "C'est une façon pour le foot français de rattraper une partie de son retard", s'est réjoui le président de l'OM Jacques-Henri Eyraud. "On va pouvoir se renforcer, se doter d'infrastructures pour ceux qui ne l'ont pas fait, prendre peut-être un peu plus de risques sur la partie joueurs et sur la partie centre de formation", a de son côté expliqué Jean-Michel Aulas, le patron de l'OL.
Évolution des droits TV du football en France :
2008-2012 : 668 millions d'euros par an
2012-2016 : 607 millions d'euros par an
2016-2020 : 726,5 millions d'euros par an
2020-2024 : 1,153 milliard d'euros par an