C’est le genre de match qui fait passer une épopée européenne d’historique à légendaire. Nantis de leur victoire 2-0 en demi-finale aller de Ligue Europa, les joueurs de l’OM semblaient bien partis pour se qualifier aux dépens du Red Bull Salzbourg, jeudi en Autriche. C’était sans compter la détermination des Autrichiens, mordants et agressifs. En un peu plus d’une heure, ils ont remis les compteurs à zéro et ont bien failli réaliser une petite remontada. Poussés aux prolongations, les Marseillais ont tenu jusqu’à la 116e minute et le but libérateur de Rolando qui envoie les joueurs de Rudi Garcia en finale à Lyon contre l’Atlético de Madrid. Certes, l’OM a perdu (2-1). Mais seule la finale est belle.
Gestion trop tranquille. Dire que les deux buts d’avance des Marseillais acquis à l’aller leur ont fait plus de mal que de bien serait un peu exagéré. Mais pas si éloigné de la vérité. Si l’OM a mieux entamé la partie que Salzbourg, le club phocéen est rapidement tombé dans le travers craint par Rudi Garcia : la gestion du match. Mis à part un coup franc dangereux mais mal négocié à la retombée par Rami (7e) et une frappe de Sanson à côté du but de Walke (17e), Marseille a ronronné en première période. Heureusement pour les Bleus d’un soir, en face, les Autrichiens n’étaient guère plus inspirés. Seul Munas Dabbur faisait passer un frisson dans la défense phocéenne avec une frappe mal captée par Yohann Pelé (13e).
Après une demi-heure sur un faux rythme, les deux équipes sont rentrées aux vestiaires sur un score nul et vierge logique, Marseille se contentant de gérer les offensives maladroites des locaux. Ce sont même les hommes de Rudi Garcia qui sont revenus avec de meilleures intentions, Valère Germain parvenant à se projeter dans la surface et à centrer… pour personne (46e). Paradoxalement, c’est pendant ce temps fort marseillais que le Red Bull Salzbourg a planté la première banderille. Amadou Haidara, l'ailier droit de 19 ans, a transpercé la défense bleue avec une magnifique chevauchée avant de tromper Pelé d'une frappe du droit bien placée (53e).
Salzbourg s'est senti pousser des ailes. Soudainement, le match a changé de visages. Ragaillardis, les hommes de Marco Rose se sont lancés à l’assaut du but de Marseillais assommés par ce coup dur. Étouffés par le pressing autrichien et débordés par les courses des attaquants adverses, ils ont de nouveau craqué peu après l’heure de jeu. Haidara, encore lui, a débordé sur son côté droit pour centrer. Le ballon, repoussé par Rami, est revenu dans les pieds de Schlager dont la frappe, déviée par Sarr, a terminé au fond des filets de Pelé (65e). La Red Bull Arena a explosé : les Autrichiens venaient de refaire leur retard.
La fin du match a vu Marseille résister, plier mais jamais rompre. Doucement mais sûrement, les prolongations se sont profilées à l’horizon jusqu’à devenir réalité. Punis pour avoir géré trop tranquillement leur avance, les Phocéens allaient devoir puiser dans leurs réserves pour espérer rejoindre l’Atlético de Madrid, vainqueur 1-0 d’Arsenal dans le même temps et qualifié pour la finale. Les 30 minutes supplémentaires ont logiquement été compliquées pour tout le monde, surtout pour l’OM. Sans Yohann Pelé, auteur d’une somptueuse parade sur corner (99e), les joueurs de Rudi Garcia auraient pu repartir la tête basse.
Rolando libère l'OM. Mais le scénario fou qui leur tendait les bras était trop beau pour ne pas être écrit. Alors qu’ils semblaient plus proches de l’élimination que de la victoire, les Marseillais ont exulté. On joue la 116e minute, Zambo Anguissa tente sa chance à l’entrée de la surface. Sa frappe est déviée par Ocampos mais l’arbitre donne un corner pour l’OM. Dimitri Payet s’en charge et allonge au deuxième poteau. La balle ne semble jamais retomber jusqu’à ce que jaillisse Rolando, entré en jeu un quart d’heure plus tôt. En l’air et du plat du pied, le défenseur portugais a glissé le cuir hors de portée de Walke, dans le soupirail. 2-1, les olympiens ont laissé explosé leur joie. Ne leur restait plus qu’à tenir quelques minutes, une formalité tant les Autrichiens avaient pris un coup de massue avec ce but.
Au coup de sifflet final, il y a eu deux camps. Ceux qui sont tombés au sol, foudroyés par les crampes, submergés par le soulagement ou abattus par la défaite. Et ceux qui ont tout extériorisé : pendant que les Autrichiens se massaient autour de l'arbitre pour lui signifier leur colère, les Marseillais encore debout se jetaient dans les bras les uns des autres. La campagne européenne de l'OM a débuté en juillet. Il a fallu 10 mois aux Phocéens pour atteindre leur objectif, cette finale à Lyon tant espérée. Un parcours historique ? Non, légendaire. Reste à le conclure de la plus belle des manières le 16 mai.