Il est des absences plus remarquées que d'autres. Celle d'Idrissa Gueye samedi face à Montpellier (4-0), le jour où comme depuis quatre ans, les joueurs du championnat de France s'associent à la lutte contre l'homophobie en arborant un maillot arc-en-ciel, n'est pas passée inaperçue. Si l'entourage du joueur, contacté par l'AFP, a refusé d'expliquer les raisons de cette absence, elles sont en revanche limpides pour les associations de lutte contre l'homophobie.
"Il avait déjà fait le coup l'année dernière. Ça ne fait guère de doutes sur ses intentions", explique Bertrand Lambert, le président des Panam Boyz and Girlz United, club ouvert à la diversité. Idrissa Gueye n'avait en effet pas non plus joué l'année dernière lors de la journée où les clubs de première division arborent le maillot arc-en-ciel, assurant à l'époque être victime d'une "gastro-entérite". Deux absences coup sur coup qui font quelque peu tâche, et que le club parisien peine évidemment à justifier.
"Raisons personnelles"
Samedi, l'entraîneur argentin du Paris SG Mauricio Pochettino avait évoqué des "raisons personnelles", précisant que son joueur "n'était pas blessé". Une source proche du vestiaire parisien évoque pour sa part "un choix individuel du joueur, il s'est mis lui-même de côté".
Depuis ce match, les voix s'élèvent pour dénoncer ce qui peut être interprété comme un refus d'être associé à la défense des droits LGBT. "Je regrette qu'il n'ait pas participé à cette journée qui n'est pas une promotion de l'homosexualité mais une promotion du vivre ensemble", estime Bertrand Lambert. "Et de la même manière que de porter un brassard pour lutter contre le racisme ne change pas la couleur de peau de celui qui le porte, porter un maillot arc en ciel ne fait pas changer de sexualité. Il permet juste de faire tomber les préjugés."
Pour le président de la Fédération Sportive LGBT+, Eric Arassus, l'absence du joueur du PSG est "de l'homophobie dissimulée". "Ce n'est pas tolérable, c'est un délit en France, c'est répressible par la loi", s'emporte le président de la FSGL. Et d'ajouter : "Si Gueye ne se sent pas dans un pays ou la tolérance et les droits de l'Homme sont respectés, alors, il ne faut pas qu'il joue en France mais dans un autre pays".
"Devoir d'exemplarité"
"L'homophobie n'est pas une opinion mais un délit", a rappelé lui le collectif Rouge Direct qui lutte contre l'homophobie dans le sport dimanche sur Twitter. "La LFP (Ligue) et le PSG doivent demander à Gana Gueye de s'expliquer et très vite. Et le sanctionner le cas échéant". L'affaire a même atteint la sphère politique. Valérie Pécresse, ex-candidate à l'élection présidentielle et présidente de la région Ile-de-France, a tenté d'interpeller le club parisien sur Twitter.
"Les joueurs d'un club de football, et ceux du PSG en particulier, sont des figures d'identification pour nos jeunes. Ils ont un devoir d'exemplarité. Un refus d'Idrissa Gana Gueye de s'associer à la lutte contre l'homophobie ne pourrait rester sans sanction !", a-t-elle posté sur le réseau social.