Il était dit que ces Jeux olympiques seraient ceux de la réaction pour Martin Fourcade. Par deux fois, le champion français a manqué une course. Et par deux fois, il a remporté la suivante. Titré sur la poursuite, le meilleur biathlète du monde a remporté une nouvelle médaille d’or dimanche, à l’occasion de la mass start au terme d'un sprint haletant. Il remporte là sa quatrième médaille d’or, nouveau record pour un athlète tricolore lors de JO d’hiver. Mieux que Jean-Claude Killy, son modèle.
Deux fautes et des sueurs froides. Pour construire sa légende, Martin Fourcade a pris son temps. Et, au passage, il a dû donner quelques sueurs froides à ses supporters, même les plus impavides. Il a ainsi commencé par manquer une cible dès le premier passage sur le pas de tir, se forçant à une lente remontée vers les premières places. Impeccable lors des deux passages suivants, il a ensuite manqué un nouveau tir lors du dernier debout. Ne restait alors que pour lui disputer l’or l’Allemand Simon Schempp, qui a lui aussi eu la bonne idée de manquer une cible.
Photo finish. La suite a viré à l’irrespirable. Incapable de décrocher son adversaire, le Français dû se résigner au sprint. Resurgit alors immanquablement le spectre de la course d’il y a quatre ans, aux Jeux de Sotchi, qu’il perdît pour quelques centimètres face au Norvégien Svendsen. "Dans tout le dernier tour, je me suis dit ‘ça va se passer pareil, c’est pas possible, c’est l’histoire qui se répète’", a-t-il raconté au micro de France 3.
Et d’ailleurs, après avoir jeté son pied, Fourcade est persuadé d’avoir perdu, encore, d’un souffle. "Quand je jette le pied, je sais que je l’ai bien fait. Mais j’ai tellement l’impression d’être derrière. J’avais cette crainte que ça se répète. J’ai eu un gros noir au moment de franchir la ligne." Mais la photo finish, publiée après d’interminables secondes, lui rend le sourire. Et le fait entrer définitivement dans la légende du sport français.
Dans l'histoire. L'Histoire retiendra donc que c'est grâce à la photo-finish que le Pyrénéen a écrit une nouvelle page de sa légende. Mais ces quelques centimètres qui l'ont séparé de Schempp à l'arrivée font toute la différence : Fourcade est désormais un géant parmi les géants et son quatrième sacre, aussi étroit soit-il, restera forcément dans les mémoires. Son quatrième titre olympique le place désormais aux côtés des escrimeurs Christian D'Oriola et Lucien Gaudin, dans les années... 1920 et 1940.
Son idole, son modèle, Jean-Claude Killy, avec qui le sextuple tenant de la Coupe du monde partageait l'honneur d'être le plus titré des sportifs français aux Jeux d'hiver, est bel et bien dépassé. L'aura du tout nouveau quadruple champion olympique dépasse maintenant largement le cadre de son sport et des disciplines sur neige. Et l'histoire n'est pas finie. Il reste à Martin Fourcade le relais mixte et le relais pour entrer un peu plus dans le Panthéon du sport français.