Dans la grande histoire des Jeux olympiques d’hiver, seuls trois Français sont parvenus à obtenir des médailles d’or lors de deux JO consécutifs. Pierre Brunet et Andrée Joly d’abord, sacrés en 1928 et 1932 en couple au patinage artistique, et Marielle Goitschel, titrée en géant en 1964 et en slalom en 1968, à Grenoble. A Pyeongchang, ils sont trois seulement à pouvoir les rejoindre au Panthéon du sport français : Martin Fourcade, double champion olympique à Sotchi (individuelle et poursuite au biathlon), Pierre Vaultier, en or sur le snowboardcross, et Jean-Frédéric Chapuis, sacré sur le skicross. Ces trois-là en ont les moyens.
Martin Fourcade : le boss a trouvé un rival
Disons-le tout net : ne pas voir Martin Fourcade grimper, au moins une fois, sur la plus haute marche du podium à Pyeongchang constituerait une énorme déception. Un séisme, même, dans le groupe France, qui compte sur son porte-drapeau, trois breloques à Sotchi (deux or, une argent) pour garnir le panier à médailles.
Les statistiques de sa saison 2017-2018 incitent à l’optimisme. En quinze courses disputées, le sextuple tenant du titre du classement général de la Coupe du monde n’a jamais manqué un seul podium. Et il est monté sur la plus haute marche à six reprises. Il pointe par ailleurs en tête du classement général, mais aussi des classements de toutes les disciplines individuelles du biathlon (individuelle, sprint, poursuite, mass-start). Vous avez dit impressionnant ?
Cela dit, Martin Fourcade est tombé cette saison sur un os, portant le nom de Johannes Boe. Le Norvégien sera à coup sûr le grand rival du français en Corée du Sud. Impressionnant sur les skis mais parfois friable au tir, le cadet de la fratrie Boe a tout de même remporté huit courses depuis le début de l’hiver, pour 12 podiums au total. Aucun doute, Martin Fourcade connaît l’identité de son principal adversaire lors des Jeux olympiques. La rivalité entre les deux hommes devrait marquer la compétition.
Pierre Vaultier : le miraculé de Sotchi est en pleine bourre
Il fallait être sacrément joueur pour mettre une pièce sur Pierre Vaultier aux Jeux de Sotchi. Certes, le Briançonnais a remporté la Coupe du monde de snowboardcross à quatre reprises, en 2008, 2010 et 2012. Mais le 21 décembre 2013, il fait une mauvaise chute lors d’une course aux Etats-Unis. Le verdict est sans appel : rupture totale du ligament croisé antérieur du genou droit. Rêve olympique envolé ? Pas du tout. Pierre Vaultier fait le pari insensé d’éviter l’opération pour s’aligner à Sotchi.
S’ensuivent de longues et douloureuses semaines consacrées à la rééducation. De totale, la rupture devient partielle après cicatrisation. Pierre Vaultier dispute bien les Jeux, avec une attelle pour protéger son genou blessé. Résultat : victoire dans tous les runs qu’il dispute et un incroyable titre olympique au bout.
Quatre ans plus tard, ça va beaucoup mieux, merci. Pierre Vaultier a remporté deux nouvelles Coupes du monde, en 2016 et 2017. Cette même année, il est sacré champion du monde en Espagne, premier titre mondial de son palmarès. Cette saison, il a démarré timidement avant de monter en puissance. Il reste ainsi sur cinq podiums consécutifs, dont deux victoires la dernière lors de la dernière course avant les Jeux, en Allemagne le 4 février. C’est donc avec l’étiquette de favori qu’il se rend en Corée du Sud. Une nouvelle médaille d’or ne relèverait cette fois-ci pas d’un quelconque miracle, mais d’une simple logique.
Jean-Frédéric Chapuis : l’homme fort du skicross
Champion du monde 2013, Jean-Frédéric Chapuis faisait logiquement partie des favoris à Sotchi. Mais il n’écrasait pas pour autant la concurrence. Depuis, celui qui était accompagné de deux compatriotes sur le podium olympique - pour le premier triplé français de l’histoire aux Jeux d’hiver - a changé d’univers. Car le skieur de Val Thorens a parfaitement négocié la suite de son sacre olympique. Au point de devenir l’homme fort de sa discipline.
Jean-Frédéric Chapuis a ainsi remporté la Coupe du monde de la spécialité lors des trois saisons suivantes, en 2015, 2016 et 2017, un triplé inédit dans l’histoire de son sport. Le début de la saison en cours a été plus poussif. Mais le 14 janvier dernier, il l’a emporté pour la première fois en Suède. Preuve que l’homme est en forme. Et qu’il sera bien le principal prétendant à sa propre succession.