Longtemps dans l'ombre de Martin Fourcade, Quentin Fillon Maillet a écrit sa propre histoire en décrochant mardi son premier titre olympique lors de l'individuel (20 km) des JO d'hiver de Pékin, qu'il a survolé malgré deux pénalités au tir. Tout un symbole : parmi les premiers à féliciter Fillon Maillet, celui qui l'a inspiré et a longtemps incarné le biathlon en France, Martin Fourcade, qui lui a donné une chaleureuse accolade au bord du stade de Zhangjiakou. Le Jurassien de 29 ans obtient le premier sacre de sa carrière aux JO et offre aux Français la première médaille d'or française de ces JO.
Sur les traces de Martin Fourcade
Auteur d'un 18/20 au tir, Quentin Fillon Maillet a devancé le Bélarusse Anton Smolski et le tenant du titre norvégien Johannes Boe. Quatre ans après la razzia de Martin Fourcade aux JO de Pyeongchang (trois titres dont deux en solo), Fillon Maillet marche sur les traces de la légende du biathlon, partie à la retraite en 2020. Fourcade était également le seul Tricolore à s'être imposé dans l'individuel aux JO (à Sotchi en 2014).
Au micro d'Europe 1, le champion olympique français Vincent Defrasne en 2006, et ancien porte-drapeau de la délégation en 2010, estime que sans aucun doute, Quentin Fillon Maillet est bien "le successeur de Martin Fourcade". "Il commence à n'avoir que des points forts", poursuit l'ancien biathlète. "Il a des qualités incroyables à ski, il l'a montré mardi. Il doit une bonne partie de sa victoire à sa vitesse à ski, et au-delà de ça, il a su se donner physiquement et stratégiquement sur la piste pour faire un chrono canon", ajoute Vincent Defrasne dans Europe Midi, soulignant "la panoplie hyper complète" du nouveau champion olympique français.
Dans une épreuve qui n'est pourtant pas sa spécialité, le Tricolore s'est montré d'une assurance sans faille, à l'image de ce qu'il démontre sur le circuit depuis le début de saison. Le leader de la Coupe du monde, très à l'aise sur la piste, a limité la casse sur le pas de tir alors que l'individuel sanctionne chaque faute à la carabine d'une minute de pénalité. "C'était du grand, grand Quentin. C'est sur la piste qu'il est allé chercher ce titre. Il n'a jamais été le plus doué mais il ne lâche jamais rien et il croit toujours en lui. C'est la victoire du travail qu'il a mis en place depuis des années", a réagi Vincent Vittoz, l'entraîneur des Bleus.
Une première médaille olympique en individuel
Victorieux à onze reprises en Coupe du monde, Fillon Maillet était jusqu'ici resté bredouille sur le plan individuel dans les grands championnats (JO, Mondiaux). Mais le Français, longtemps dans l'ombre de Fourcade et de Johannes Boe, a pris cette saison une nouvelle envergure (cinq succès) et, sauf accident, le gros globe de cristal ne devrait pas lui échapper. L'or récolté mardi confirme la densité exceptionnelle de l'équipe de France de biathlon, tant chez les hommes que chez les femmes. En trois courses disputées depuis le début de ces Jeux, la France a obtenu trois podiums (or pour Fillon Maillet, argent pour Anaïs Chevalier-Bouchet et le relais mixte).
Et le meilleur reste à venir avec, en fin de semaine, le diptyque sprint-poursuite, qui sourit habituellement beaucoup plus aux Français, et les relais, où ils font figure de favoris avec la Norvège. Ce titre est aussi une forme de revanche pour Fillon Maillet, quatre ans après une édition 2018 des JO disputée dans des conditions mentales très compliquées. Il avait embarqué pour Pyeongchang alors que sa compagne souffrait d'une maladie et quelques jours après le décès de son beau-père et était passé totalement à côté du rendez-vous olympique.