Elles n'ont pas de surnom comme les "Braqueuses" du basket ou leurs compatriotes "Experts" du handball masculin, mais cela ne devrait pas tarder. Les handballeuses françaises, assurées de décrocher leur première médaille olympique en finale face à la Russie, ce samedi à 20h30, ont d'ores et déjà associé leur nom à l'histoire du handball français, et à celle du sport féminin tricolore. Une médaille d'or lors de cette ultime rencontre ne viendrait que couronner un parcours déjà exceptionnel et d'une grande portée symbolique, à tous points de vue.
- Une finale pour une première médaille olympique
La médaille, d'abord, est elle-même un symbole. Jamais dans l'histoire du handball féminin français une équipe n'avait obtenu ce graal olympique, qui fait figure pour les handballeurs et handballeuses d'ultime consécration internationale. Même la génération des Véronique Pecqueux-Rolland, Valérie Nicolas et consorts, sacrée championne du monde en 2003, n'avait pas fait aussi bien, s'arrêtant au mieux, au pied du podium à Athènes, en 2004. Depuis, les Bleues ont essuyé deux revers en quarts de finale, à Pékin 2008 comme à Londres 2012.
- Une finale pour une "Team" qui revient de très loin
Il y a quelques mois, parler d'une possible finale olympique pour cette équipe-la n'était pas loin d'être utopique. Fin 2015, les Bleues rentraient d'une cinquième campagne d'affilée sans médaille, à l'issue du Mondial danois, qu'elles ont terminé à la 7ème place. L'élimination en quarts de finale par les Néerlandaises, après avoir impressionné dans les tours précédents, avait totalement douché les Bleues, les replongeant dans de sérieux doutes et dans une spirale plus que négative.
Les retrouver en finale olympique après ces déboires est une véritable performance, qu'il a fallu chercher au fond de la personnalité des Allison Pineau, Amandine Leynaud et autres Alexandra Lacrabère. "En décembre nous étions dans un gouffre. Tout ce qu'on a vécu nous a renforcées", a d'ailleurs confirmé la capitaine Siraba Dembélé après la victoire au forceps en demi-finale contre les Pays-Bas (24-23). "Cette équipe n'a pas de limites", a quant à elle souligné la meilleure buteuse Alexandra Lacrabère.
- Une finale pour Olivier Krumbholz et son abnégation
Certes, il y a les joueuses, au mental d'acier et au talent doré. Mais derrière elles, sur le banc, il y a surtout une personnalité presque légendaire, celle d'Olivier Krumbholz, entraîneur historique de l'équipe de France féminine, celui qui a fait passer la nation France du néant aux sommets internationaux. Pour lui, cette finale est une belle revanche. En effet, il y a huit mois, le Lorrain de 57 ans n'était plus sélectionneur et avait suivi l'échec des Bleues lors du Mondial 2015 devant sa télévision. Sous la direction d'Alain Portes, nommé en juin 2013 pour lui succéder, les Françaises étaient sorties de ce troisième échec en trois compétition en conflit avec leur sélectionneur d'alors.
Conséquence : Olivier Krumbholz est rappelé pour les Jeux, tel un vieux leader sensé remobiliser ses troupes. Fidèle à son abnégation, Krumbholz a relancé la machine en la qualifiant d'abord pour les Jeux, puis en réalisant un parcours magnifique au Brésil : six victoires en sept matches, dont deux à sensations fortes face à l'Espagne (27-26 a.p.) en quarts, après avoir remonté un handicap de sept buts en un quart d'heure, puis les Néerlandaises avec encore un suspense insoutenable jusqu'au bout.
- Une finale pour sortir, enfin, de l'ombre des "Experts"
Et puis forcément, lorsque l'on pratique le même sport que les Experts, il est toujours très difficile de trouver sa place. Depuis une dizaine d'années, l'équipe de France féminine évolue au deuxième plan, reléguée loin derrière la folie médiatique de leurs homologues masculins. Moins régulière, moins intouchable, moins attrayante pour le grand public… À Rio, les partenaires de Nikola Karabatic ont certes encore l'occasion d'ajouter une superbe ligne à leur palmarès mythique. Mais cette fois, ils ne seront peut-être pas tous seuls en haut de l'Olympe du sport français. Et devront, alors, laisser de la place aux dames, qui ne sont plus qu'à une petite victoire de mériter, à leur tour, un surnom digne de leur talent.