Cinq ans après le calvaire vécu à Rio, Yohann Diniz livre jeudi à partir de 22h30 heure française l'ultime combat de sa carrière sur le 50 km marche des Jeux olympiques de Tokyo, avant la disparition définitive de l'épreuve du programme olympique. Une course qui s'annonce épique dans la chaleur étouffante de Sapporo. C'est sur l'île d'Hokkaido que se jouera le dernier acte d'une discipline si souvent marquée par des drames et de longues épopées dont Diniz, 43 ans, a été par moments l'acteur malheureux. Comme le symbole de la fin d'une époque, c'est l'occasion qu'a choisie le Rémois pour mettre un terme à son parcours, le plus beau qu'ait connu un Français dans cette discipline si imprévisible et si exigeante.
"Serein" et "sans pression"
Yohann Diniz n'a toujours pas digéré la décision du Comité international olympique (CIO) prise fin 2020 au nom de la parité - le 50 km marche devant être remplacé par une épreuve mixte -, et n'aurait pour rien au monde manqué ce rendez-vous, lui qui a tout gagné en plus de 20 années passées sur le bitume, sauf justement le titre aux JO. "Je suis content et triste de participer à cette dernière course de l'histoire. Chaque athlète aura envie de la marquer de son empreinte", affirme le champion du monde 2017 et triple champion d'Europe (2006, 2010, 2014). Pour son ultime apparition, Diniz, qui disputera ses quatrième Jeux, se dit "détendu", "serein" et "sans pression". Il sait mieux que quiconque ce que peut réserver comme scénario improbable un 50 km marche, et son caractère "aléatoire", pour évoquer des objectifs précis.
En 2016 à Rio, son chemin de croix a beaucoup fait pour sa légende. Saisi par d'atroces douleurs intestinales alors qu'il était largement en tête, il s'était écroulé et relevé plusieurs fois avant de terminer 8e, exténué. Trois ans plus tard aux Mondiaux de Doha, il avait dû se retirer de la course au bout de 16 km, asphyxié par la fournaise qatarie.
S'acclimater à l'humidité japonaise
Le Français a donc pris cette fois ses dispositions avant de se rendre au Japon pour son ultime défi : en plusieurs stages à l'université de Coimbra au Portugal, il a au total fait plus de 70 séances dans une chambre thermique. "J'ai fait le job durant une année. Après les Championnats du monde de Doha, je savais qu'il fallait que je travaille ces conditions et je l'ai fait avec sérieux", explique le détenteur du record du monde - 3 h 32 min 33 sec depuis 2014 -, rappelant avoir connu les mêmes conditions extrêmes aux Mondiaux d'Osaka en 2007 qu'il avait terminés à la deuxième place.
"C'est surtout l'humidité qui est pesante, la chaleur ce n'est pas ce qu'il y a de plus compliqué", indique-t-il. "Plus que la performance absolue, c'est la manière dont les organismes parviendront à résister qui fera la différence", estime Pascal Chirat, le manageur des marcheurs français.
Yohann Diniz n'a plus pris part à un 50 km marche depuis 2019, mais il assure "connaître par cœur" la distance. Il n'a ainsi pas effectué de séance-test en vue de l'échéance. "C'était bien quand j'avais 30 ans mais j'ai appris avec l'âge que ça ne servait pas à grand-chose", dit-il. "On verra déjà ce qui se passera si j'arrive à me battre contre les conditions thermiques. Après il y aura un autre combat pour aller chercher des places d'honneur." Le dernier combat avant la retraite.