Il avait entretenu la longue tradition de militantisme politique dont peuvent être parfois capables les sportifs lors des Jeux Olympiques. Dimanche, Feyisa Lilesa avait franchi la ligne d'arrivée du marathon en deuxième position, brandissant ses deux bras croisés au-dessus de sa tête pour témoigner toute sa solidarité avec les personnes victimes de l'oppression du gouvernement éthiopien. La conférence de presse qui s'en était suivie avait mis en lumière un homme très ému, déterminé à défendre sa cause, qui craignait pour sa vie.
Le gouvernement obligé de réagir. Feyisa Lilesa avait affirmé avoir "des amis en prison" et pouvoir être "mis en prison" ou "tué" à son retour. Une sortie en mondiovision qui a touché l'opinion publique mondiale, et forcé le régime d'Adis Adebba à réagir lundi. Sur l'antenne de la radio d'Etat Fana, le porte-parole du gouvernement, cité par les journalistes, a affirmé que "Lilesa ne rencontrera aucun problème en raison de sa prise de position politique." L'Ethiopie est actuellement en proie à un mouvement de contestation antigouvernementale sans précédent depuis une décennie, qui a commencé en région oromo (centre et ouest) au mois de novembre et qui s'est étendu depuis quelques semaines à la région amhara (nord).
Situation ethnique et politique tendue. Ces deux ethnies représentent environ 60% de la population éthiopienne et contestent de plus en plus ouvertement ce qu'ils perçoivent comme une domination sans partage de la minorité des Tigréens, issus du nord du pays, qui occupent les postes-clés au sein du gouvernement et des forces de sécurité. La répression violente de ces manifestations, qui viennent dès lors remettre en cause le fonctionnement du fédéralisme ethnique, a déjà fait plusieurs centaines de morts depuis fin 2015, estiment des organisations de défense des droits de l'homme.