Notre-Dame, le Louvre, le musée d'Orsay... La Seine et les monuments emblématiques de Paris seront au centre de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques et paralympiques 2024, tenue secrète jusqu'au jour J, le 26 juillet, qui mêlera art et sport au cœur de la Ville Lumière. Seulement une dizaine de personnes, dont la romancière Leïla Slimani, l'historien Patrick Boucheron ou encore la scénariste Fanny Herrero (Dix pour cent), connaissent le déroulé de ce spectacle de 3h45, qui commencera à 19h30 et entend "casser les codes" en se tenant pour la première fois hors d'un stade.
Berges et ponts
Spectacle artistique et parade olympique protocolaire seront réunis au cœur de Paris dans une seule et même grande fête d'ouverture. De 6.000 à 7.000 athlètes (sur les 10.500 au total), représentant les nations participantes, défileront sur 85 bateaux sur la Seine aux couleurs de leur délégation depuis le pont d'Austerlitz jusqu'à la tour Eiffel et le Trocadéro, où aura lieu le bouquet final.
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Quelque 3.000 danseurs, musiciens, comédiens prendront d'assaut les berges, les ponts et le ciel, sur un parcours de six km, le long duquel sont attendus 326.000 spectateurs. Environ 200 habilleurs et près de 300 coiffeurs et maquilleurs seront postés dans des loges de chaque côté de la Seine.
Près de 80 écrans géants seront également installés sur les quais. Le spectacle, suivi par plus d'un milliard de téléspectateurs, contiendra, selon France Télévisions, des séquences vidéos enregistrées au préalable et insérées dans le récit. Il y aura ainsi un "prologue filmé", indique Patrick Boucheron au journal Le Monde mardi.
"Diversité"
Le "plus grand spectacle du monde" se doit d'être "merveilleux, divertissant, spectaculaire mais aussi porteur de sens", a confié à l'AFP son concepteur Thomas Jolly. Le parcours sera composé de douze tableaux qui célèbreront les athlètes, raconteront "une histoire de ce qu'est la France", un pays de la "diversité", et fêteront "le monde entier réuni", dit-il.
Le directeur artistique, entouré de son équipe d'auteurs ont construit un récit "très généreux", avec "de la joie, de l'émulation, du mouvement, de l'excitation (...) et pas seulement ces fameuses valeurs philosophiques traditionnelles que la France exhibe volontiers avec parfois trop d'assurance", selon Leïla Slimani. Ce sera le "contraire d'une histoire virile, héroïsée", renchérit Patrick Boucheron.
"Plus beau décor du monde"
"Pourquoi construire des décors, alors que j'ai le plus beau du monde ?", aime à dire Thomas Jolly, qui a choisi de mettre en scène les monuments célèbres bordant le fleuve. Parmi ces vedettes à qui il était "impensable de ne pas rendre hommage", selon lui : Notre-Dame de Paris qui doit rouvrir le 8 décembre après le gigantesque incendie de 2019.
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Les artistes pourraient prendre d'assaut les échafaudages extérieurs encore installés, où "des répétitions ont été organisées", avant deux autres étapes au théâtre du Châtelet et au musée du Louvre, selon des sources du milieu de la culture.
Au musée d'Orsay, deux personnes sélectionnées par le partenaire mondial des JO, Airbnb, pourront assister à la fête depuis la terrasse du musée, avant de dormir sous la grande horloge dans une chambre éphémère conçue par Mathieu Lehanneur, créateur de la torche et de la vasque olympiques.
Stars de la chanson
La bande son de la cérémonie inclut les créations du directeur musical Victor Le Masne, mêlant pop, orchestre symphonique, chœurs et boucles électro typiques de la "French Touch". Elle pioche aussi dans "d'autres registres", selon Thomas Jolly, pour qui "la France, c'est à la fois Jul, Edith Piaf ou encore Nathalie Dessay".
Côté stars, Aya Nakamura, dont le nom circule depuis des mois avec insistance, sera habillée en Dior, selon une source proche du dossier. D'après Le Canard enchaîné, Céline Dion est également attendue si son état de santé le permet. D'autres noms circulent, sans savoir encore ce qui relève du fantasme ou de la réalité, du côté français - comme le pape du disco Cerrone, la chanteuse Yseult, peu connue du grand public - ou du côté de la pop internationale, la mégastar Dua Lipa.
Matières recyclées
Quelque 3.000 costumes, tous uniques, ont été créés pour l'occasion, comme des pourpoints aux allures de vestes de survêtement ou des encolures ressemblant aux collerettes du XVIe siècle, avec le souci d'utiliser des matières recyclées, selon la directrice des costumes de Paris 2024 Daphné Bürki, qui a croisé l'univers vestimentaire du sport avec celui des costumes historiques et des vêtements de gala.
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Répétitions secrètes, dernier relayeur
Aucune répétition totale n'étant possible sans trahir la surprise, le spectacle a dû être répété en intérieur, dans de très grands hangars, et sur des bases nautiques ou des rivières. Le nom du dernier relayeur apportant la flamme aux Tuileries, où se trouvera la vasque olympique, est tenu secret.
Renoncements
"Il y a des tableaux que j'ai complètement 'killés', pour 1.000 raisons: la météo, les poissons, les courants, les ponts", expliquait Thomas Jolly mi-juin. Il a par exemple renoncé à des barges décorées portant les artistes, faute de hauteur suffisante sous les ponts de Paris. Idem pour des "ballets aquatiques", impossibles à mettre en œuvre pour "des raisons évidentes de sécurité" ou une "tour Eiffel inversée, pour la vasque finale" recevant la flamme olympique.