Camille Lacourt fait des vagues, et pas seulement dans le bassin olympique. Quelques minutes après sa décevante cinquième place lors de la finale du 100 mètres dos, mardi matin, à Rio, le dossiste français, jamais médaillé olympique en individuel, a poussé un violent coup de gueule contre les nageurs "dopés". Ou plutôt ceux qu’il accuse de l’être. "Je suis très triste de voir mon sport évoluer de cette façon. J’ai l’impression de voir de l’athlétisme, avec deux ou trois dopés dans chaque finale. J’espère que la Fina (la fédération internationale de natation, ndlr) va vite réagir et arrêter ce massacre, parce que ça devient triste", a-t-il notamment lancé, dans une saillie que ne devrait pas plaire à certains.
"Ils n’ont qu’à faire une fédération de chargés". Le nageur français, quatre fois champion du monde, a défendu un sport propre. "Je n’ai jamais pris de produits interdits moi. (Les nageurs dopés) n’ont rien à faire dans ce sport, ils n’ont qu’à faire une fédération de chargés et ils vont s’amuser entre eux. Moi, ce n’est pas comme ça que je conçois le truc, et ça me dégoûte de voir des gens qui ont triché sur le podium", a-t-il insisté, passablement remonté.
"Sun Yang, il pisse violet". Le dossiste français a plus spécifiquement visé les nageurs chinois, en particulier Xu Jiayu, deuxième de sa course, et surtout Sun Yang, vainqueur un peu plus tôt du 200 m nage libre. "Ça ne me plaît pas de ne pas être sur le podium, ça me déplait d’être battu par un Chinois", a-t-il lancé face aux journalistes. "En même temps, je vois le podium du 200 m libre, ça me donne un peu envie de vomir. Je préfère retenir cette foule qui a crié quand on est entré sur le bassin, ce bassin olympique qui est génial et oublier un peu ce sport business qui est à gerber", a encore affirmé Camille Lacourt. Et de lâcher dans un sourire teinté d’amertume : "Sun Yang, là, il pisse violet".
Michael Phelps critique lui aussi. Camille Lacourt n’est pas le premier nageur à avoir pointé du doigt les sportifs dopés autorisés à concourir à Rio, alors que le cas de la Russe Yuliya Efimova, contrôlée deux fois positive et encore exclue des Jeux il y a quatre jours, a été copieusement sifflée par les spectateurs. C’est l’Australien Mack Horton, médaillé d'or du 400 m libre, qui a le premier lancé les hostilités dimanche en revendiquant n'avoir "pas de respect pour les dopés". Le Grand Michael Phelps a pris son relais lundi. "C'est triste que de nos jours il y ait des gens contrôlés positifs, même deux fois pour certains, qui ont quand même l'occasion de nager aux Jeux olympiques", a déclaré l'Américain aux 19 médailles d'or. "C'est contraire à ce que le sport est censé être et ça m'énerve. Cela me fend le coeur et j'aimerais que quelqu'un fasse quelque chose à ce sujet."
Le CIO appelle au calme. Face à cette déferlante, le CIO a appelé au calme, lundi. "Nous voulons vraiment encourager la liberté d'expression. Mais d'un autre côté, les Jeux, c'est le respect des autres et le respect du droit des autres à participer", a souligné Mark Adams, porte-parole du CIO. "Il y a une limite à cet endroit-là et chaque cas est différent bien sûr. Mais oui, j'encourage les gens à respecter leurs adversaires !"