Après un report inédit en raison de la météo, les 138 marins engagés sur la Route du Rhum se sont lancés mercredi au large de Saint-Malo à l'assaut de l'Atlantique, pour une traversée en solitaire que les plus rapides devraient effectuer en un temps record de six jours. Au coup de canon à 14h15, les skippers - 131 hommes et sept femmes - ont mis le cap toutes voiles dehors sur la Guadeloupe, sous un soleil radieux.
Caudrelier a passé la ligne de départ trop tôt
Une heure après le départ, Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), favori, a franchi le premier la bouée du Cap Fréhel dans les Côtes d'Armor, où des milliers de personnes étaient massées sur les rochers de grès rose pour acclamer les voiliers. Mais il a passé la ligne de départ trop tôt, a-t-on appris auprès de la direction de course, et devrait en conséquence recevoir une pénalité de 4 heures à décider sous 48 heures, selon le règlement.
Sur l'eau, Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) et François Gabart (SVR Lazartigue) étaient à sa poursuite. Tous trois sont à la barre de voiliers de la classe Ultim, des trimarans de 32 m de long capables de voler sur l'eau grâce à des appendices latéraux (foils).
Un nouveau record de traversée en vue
Ces F1 des mers peuvent prétendre établir un nouveau record de traversée, détenu depuis 2018 par le vétéran Francis Joyon (7 jours 14 heures 21 minutes), également au départ cette année avec son trimaran Idec Sport. En 2018, baptême du feu de ces voiliers volants, la classe avait connu beaucoup de casse. Mais, depuis, "on a beaucoup travaillé sur la sécurité, la fiabilité (...). On a tous progressé et on va plus vite", a promis Le Cléac'h, qui avait chaviré après deux jours de course il y a quatre ans et avait été secouru par un bateau de pêche.
Cette année, "cela va être rapide pour aller jusqu'en Guadeloupe, le sprint sur l'Atlantique annoncé devrait être au rendez-vous", a prédit Le Cléac'h. Les prévisions météorologiques annoncent de bonnes conditions jusqu'à jeudi soir, où la flotte devrait affronter une première dépression marquée par des rafales de vent à plus de 90 km/h.
"J'ai envie de gagner", lance Gabart
François Gabart, 39 ans, revient à la course en solitaire à bord d'un Ultim controversé mis à l'eau l'année dernière, qu'il a conçu entièrement. "J'ai envie de gagner, je me sens capable de gagner (...). Mais naviguer à bord de ce bateau n'est pas une pression supplémentaire, c'est une source de motivation. J'en suis un peu amoureux de mon bateau et j'ai très envie qu'il vive une belle Route du Rhum", a expliqué le deuxième de la précédente édition, à sept petites minutes de Francis Joyon.
Sur l'eau, la flotte, mélange de professionnels et d'amateurs, est composée de six catégories de bateaux : des petits monocoques ayant participé à la première édition, aux multicoques volant de dernière génération.
Goodchild blessé et "transféré sur un bateau"
Comme Caudrelier, 16 autres navires de différentes catégories ont franchi la ligne de départ avant le coup de canon. Le navigateur britannique Sam Goodchild (Leyton), à la barre d'un trimaran Ocean Fifty, a lui été blessé et "transféré sur un bateau" de la SNSM, a annoncé son équipe dans un communiqué.
Derrière les Ultim, 38 voiliers de la flotte d'Imoca, les monocoques (18 m) du Vendée Globe, le célèbre tour du monde en solitaire, affichent de belles ambitions. Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut), à bord des bateaux les plus éprouvés, peuvent espérer traverser l'Atlantique en dix ou onze jours. Grande première dans l'histoire de la célèbre course quadriennale, le départ, prévu initialement dimanche, avait été reporté à cause des très mauvaises conditions météorologiques.