Le foot français est dans le rouge. La cause : le non-paiement des droits télé. Le responsable : le groupe Mediapro, qui n'a payé ni son échéance d'octobre, ni celle de novembre. Au total, le groupe espagnol à capitaux chinois doit désormais 350 millions d’euros à la Ligue de football professionnel (LFP). Un manque-à-gagner qui se répercute fatalement sur les clubs professionnels, privés d’une manne indispensable et qui met ni plus ni moins la survie du football français en jeu. "Je pense que le mot n'est pas trop fort", confirme Jean-Pierre Caillot, le président du club de Reims et représentant des clubs à la LFP, mardi sur Europe 1.
"La catastrophe qu'on n'attendait pas"
"Il faut savoir que les clubs de foot, ce sont des entreprises. Beaucoup sont des PME régionales qui sont privées de spectateurs ces derniers temps. Aujourd'hui, le diffuseur étant défaillant, on n'a pratiquement aucune recette. Et face à ça, il faut payer nos charges et payer nos salaires", détaille le dirigeant qui s'est réuni avec les présidents des autres clubs pour faire le point lundi soir. Un constat partagé par Arsène Wenger, ancien entraîneur emblématique d'Arsenal et désormais directeur du développement du football mondial à la Fifa. "C'est vraiment la catastrophe qu'on n'attendait pas et qui est pratiquement insurmontable", estime l'Alsacien sur Europe 1.
"Il faut que les choses évoluent le plus vite possible"
Pour illustrer son propos, Jean-Pierre Caillot n’a qu’à brandir son cas personnel, ou plutôt celui de son club, le Stade de Reims. "Écoutez, moi, pour être très concret, les droits télé, c'est 57% de mon budget", explique-t-il. "Je vous laisse imaginer ce que ça peut représenter. Aujourd'hui, il faut trouver une solution pour combler ces 57%."
Un problème qu'il n'est pas seul à affronter en France et même dans le monde, si l'on en croit Arsène Wenger. "Cette crise (du coronavirus) va amputer au niveau des recettes 15 milliards d'euros, soit un tiers des recettes qui vont disparaître. Il faudra faire face", prédit Arsène Wenger, qui estime que c'est "une bonne opportunité pour repenser tout le modèle économique" du football mondial et "lui donner certainement plus de fonds de garantie au départ et amputer un peu la distribution des recettes pour créer des fonds de garantie en cas de pépin. On ne sait pas combien de temps cette crise du Covid va durer, et puis on ne sait pas si on n'en aura pas d'autres dans le futur", résume l'ancien coach d'Arsenal.
"Est-ce qu'il y a eu assez de précautions pour conclure le contrat Mediapro ?"
S'il salue l'initiative française de faire gonfler les droits télé "pour concurrencer la Ligue anglaise et ne pas perdre les joueurs français", Arsène Wenger se montre assez critique sur la gestion du dossier. "Est-ce qu'il y a eu assez de précautions pour conclure ce contrat ? Il semblerait que non. Mais vous savez, pour vraiment pouvoir juger, il faudrait assister à toutes les négociations", nuance-t-il cependant.
En attendant, l'heure presse pour les présidents de clubs français, au pied du mur avec l'affaire Mediapro. "Il faut que les choses évoluent le plus vite possible. Et qu'on sorte de cette impasse qui aujourd'hui inquiète tous mes collègues présidents", réclame Jean-Pierre Caillot. Arsène Wenger conclut lui sur une note d'espoir, se disant "sûr que le football français trouvera une solution". Reste à savoir laquelle...