C'était une information qui avait commencé à circuler en début de mois dans la presse italienne, le footballeur international français Franck Ribéry annonce ce vendredi la fin de sa carrière de joueur. À 39 ans, l'ex star de l'équipe de France et du Bayern Munich, miné par les blessures, dit stop après 18 ans d'une riche carrière dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
"La douleur à mon genou n'a fait qu'empirer et les médecins sont formels: je n'ai plus le choix, il faut que j'arrête de jouer. Je dois donc mettre un terme à ma carrière de joueur professionnel", explique Ribéry, qui évoluait depuis l'été 2021 à la Salernitana, en 1re division italienne.
Ribéry laisse derrière lui une carrière atypique
Dribbleur irrésistible, personnage tantôt attachant ou agaçant, Franck Ribéry laisse derrière lui une carrière atypique, débutée tardivement pour l'enfant turbulent de Boulogne-sur-Mer : un "Kaiser" adulé au Bayern Munich, une image plus écornée en France. L'ancien N.7 supersonique, trahi par son genou, a décidé de mettre fin à plus de deux décennies de professionnalisme, terminus de pérégrinations multiples dans l'Hexagone (Boulogne, Alès, Brest, Metz, Marseille), en Turquie (Galatasaray), en Allemagne (Bayern Munich) et en Italie (Fiorentina, Salernitana).
Exclu du centre de formation de Lille, Ribéry a démarré sa carrière à Boulogne en troisième division, s'est baladé de club en club jusqu'à se faire un nom, d'abord à Metz, à Galatasaray puis à l'OM, intégrant la sélection à 23 ans, avant le Mondial-2006 où les Bleus de Zinédine Zidane ont échoué en finale.
12 ans et 23 trophées au Bayern
Le grand saut vers Munich, en 2007, a marqué le début d'une histoire d'amour avec le Bayern, longue de douze années et bardée de 23 trophées.
À l'Allianz Arena, "Kaiser Franck" (en référence à "Kaiser Franz" Beckenbauer) reste une idole : l'ovation qu'il a reçue lorsqu'il a marqué son dernier but à domicile, après un slalom dont il a le secret contre Francfort, était à la mesure de son immense carrière en Bavière. Le Français y a tout gagné, que ce soit en Bundesliga (neuf titres), en Coupe (six), SuperCoupe (quatre). Sur la scène européenne, l'apogée de sa carrière coïncide avec le triplé Coupe-Championnat-Ligue des champions en 2013, l'année de sa troisième place au Ballon d'Or.
Son association avec Arjen Robben, autre dribbleur génial, a régalé les supporters du géant allemand, au point que leur duo s'est fondu dans un même surnom: "Robbéry", ou "Rib-Rob". Le caractère de ces deux très fortes personnalités les a menés parfois à des heurts spectaculaires, dont une bagarre dans le vestiaire en 2012 un soir de match de Ligue des champions.
Ribéry n'a pourtant pas connu l'itinéraire d'un enfant gâté
S'il a tout réussi avec Munich, Ribéry n'a pourtant pas connu l'itinéraire d'un enfant gâté. Fils des quartiers pauvres au visage balafré - séquelle d'un accident de voiture quand il avait deux ans - il a aussi fait la Une pour ses frasques extra-sportives.
En 2010, on l'accuse d'être un meneur lors de la grève des Bleus à Knysna, en plein Mondial sud-africain, ce qui lui vaudra trois matches de suspension. De là date son désamour avec le public hexagonal, renforcé la même année par l'affaire "Zahia", lorsque la justice lui reprocha des rapports tarifés avec une prostituée mineure. Il fut finalement relaxé en 2014.
En début d'année 2019, la polémique du "golden steak" alimente la machine à bad buzz : l'attaquant s'affiche dans un restaurant de Dubaï devant une pièce de viande recouverte d'or, alimentant une critique récurrente sur le "bling-bling" prisé des footballeurs. "Commençons par les envieux, les rageux, nés sûrement d'une capote trouée : n*quez vos mères, vos grands-mères et même votre arbre généalogique", insulte en retour le joueur sur les réseaux sociaux. "Je ne vous dois rien, ma réussite c'est avant tout grâce à Dieu, à moi, à mes proches et à ceux qui ont cru en moi. Pour les autres, vous n'étiez que des cailloux dans mes chaussettes".
Souvent moqué pour son utilisation approximative de la langue de Molière
Le Français aux 81 sélections et 16 buts est souvent moqué pour son utilisation approximative de la langue de Molière ("la routourne va tourner"), jusqu'aux Guignols de l'Info qui lui infligent une marionnette au front bas. L'Allemagne, elle, aura su mieux apprécier le talent et la personnalité attachante de Ribéry, marié à Wahiba et père de cinq enfants.
Ses admirateurs préfèrent retenir ses blagues potaches, ses salières dévissées, ses seaux d'eau posés en haut des portes, et sa collision contre un mur lorsqu'il a voulu se mettre au volant du bus de l'équipe lors d'un stage à Dubaï. En France, son parcours en sélection s'est arrêté prématurément après son forfait sur blessure pour le Mondial-2014 au Brésil. Comme un goût d'inachevé.