Si les combattants de MMA ont l’habitude de recevoir des coups, en voilà un qui fait particulièrement mal. En toute discrétion, le ministère des Sports a publié un arrêté, dimanche au Journal officiel, repéré par StreetPress et visant à réglementer les compétitions de sports de combat. Sont notamment interdits "les coups de poings, coups de pieds, coups de coudes et coups de genoux visant un combattant au sol", ainsi que les combats en "cage". Autant d’éléments caractéristiques du MMA, discipline qui n’est pourtant mentionnée à aucune reprise dans le texte. Pire, celui-ci intervient alors même qu’un rapport parlementaire sur la discipline doit être présenté le 8 novembre.
Les rapporteurs n’étaient même pas prévenus. "J'ai découvert cet arrêté sur les réseaux sociaux, je demanderai des explications au ministre", confie l'un des deux rapporteurs, Patrick Vignal, à L’Express. Et le député de l’Hérault de s’étonner de n’avoir jamais été mis au courant de ces dispositions, alors même qu’il a présenté son rapport le 5 octobre dernier au ministère. "J'ai également croisé le secrétaire d'État aux Sports, Thierry Braillard, à l'Assemblée nationale le lendemain et il ne m'en a rien dit", ajoute-t-il.
"Le ministère nous prend pour des idiots". "J'attendais beaucoup de ce rapport, dont on sait qu'il propose une bonne prise en charge avec les acteurs du MMA français. Le ministère nous prend pour des idiots", se plaint, toujours dans L'Express, Bertrand Amoussou, président de la Commission française de MMA (CFMMA). "Tous les pays ont reconnu le MMA en Europe. Sauf la France et la Norvège."
Un manque de reconnaissance. Car la discipline, qui mélange tous les arts martiaux (judo, boxe, karaté, jiu-jitsu…), manque cruellement de reconnaissance dans l’Hexagone, bien que plusieurs Français, tels que Cheick Kongo ou Cyrille Diabaté se soient imposés à l’Ultimate Fighting Championship (UFC), la plus grosse organisation de combats d’arts martiaux mixtes. Le ministère des Sports, lui, a toujours refusé son agrément ou sa délégation aux fédérations impétrantes, alors qu'on estime entre 20 000 et 50 000 le nombre de pratiquants en France.
Le 19 septembre 2015, la France avait pourtant accueilli son tout premier gala de MMA, au Cirque d'hiver à Paris. Contrairement à ce qu'affirmait à l'époque Thierry Braillard, rien ne permettait d'interdire les compétitions de MMA. Ce qui n’est désormais plus le cas, donc.
Un coup dur, mais pas (encore) un coup fatal. La CFMMA entend bien lutter jusqu’au bout contre l’arrêté, quitte à le contester devant la justice. Une autre possibilité est envisageable : des combats officiels de MMA pourraient avoir lieu à l’avenir, à condition qu’une fédération délégataire (judo, karaté ou autre) en officialise les règles et décide des chapeauter des compétitions. Ce qui semble peu probable à l’heure actuelle. En 2015, le président de la Fédération française de judo, Jean-Luc Roujé, avait déclaré : "Pour moi, le MMA n'est pas un sport", avant d’expliquer : « c'est une expression de la violence qu'on banalise. Ça n'a rien à voir avec notre culture."