Encore loin de son meilleur niveau après une vilaine blessure à une cheville, Teddy Riner est allé chercher dimanche à Bercy un septième titre au prestigieux Grand Slam de judo de Paris, à un an et demi des Jeux olympiques à domicile. En finale des +100 kg face au Japonais Hyoga Ota, le Français a été déclaré vainqueur aux pénalités, poussé par le bouillant public de l'Accor Arena.
"Je n'ai pas montré un judo extraordinaire", a reconnu le colosse de 33 ans. "Mais je ne suis pas venu pour montrer quoi que ce soit, je suis juste venu pour gagner (…) Le vieux est de retour !" Après une pause forcée en raison d'une blessure, Riner disputait à Paris son premier Grand Slam depuis sa victoire en finale de celui de Budapest en juillet 2022, un tournoi qui marquait alors son retour à la compétition internationale après un long break post-JO de Tokyo.
Mais sa reprise avait été chamboulée par une sévère entorse à la cheville droite contractée en août lors d'un stage d'entraînement au Maroc lorsqu'un adversaire lui était tombé dessus. Il avait ensuite été contraint de déclarer forfait pour les Mondiaux en octobre en Ouzbékistan, avant de renouer avec la compétition en novembre avec son club du PSG lors de la finale de la Ligue des champions par équipes.
"Course contre la montre"
"C'était très, très compliqué pour moi de revenir à ce niveau-là, ça a été une petite course contre la montre. Aujourd'hui je suis content, j'ai eu des sensations qui se sont débloquées", a-t-il expliqué après avoir fait retentir la Marseillaise. À 18 mois du grand rendez-vous des Jeux olympiques de Paris, Riner, qui s'est estimé "à 70%" de ses capacités, faisait de ce tournoi de Paris 2023 une étape importante dans sa préparation.
"On est encore très loin de mon meilleur niveau, je suis très loin du niveau que j'avais avant de me blesser. Mais il faut rester positif, il reste encore un an et demi et je suis prêt à travailler, j'ai un staff super atour de moi, donc que demander de plus ?", a déclaré le Guadeloupéen, qui visera à Paris un troisième titre olympique en individuel.
Avec cette septième victoire dans la capitale, Riner égale au passage le record de sacres de la Française Lucie Décosse. "Ça fait plaisir d'égaler un record, ce n'est pas le premier objectif, mais c'est toujours bien de laisser une trace sur le plus beau tournoi du monde, à la maison", s'est-il félicité.
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Audrey Tcheuméo aussi sacrée
Pour son entrée en lice, trois ans après sa dernière apparition à Bercy, Riner s'était défait du Bahreïni Azamat Chotchaev de manière expéditive, marquant un ippon au bout de 29 secondes. Au tour suivant, il avait eu besoin de 2 min 35 sec pour venir à bout du Kazakh Adil Orazbayev, puis en quart de finale, le combat contre l'Azerbaïdjanais Dzhamal Gamzatkhanov était allé jusqu'à la prolongation.
Ensuite, la demi-finale, son combat le plus difficile de la journée de son propre aveu, s'était conclue aux pénalités face à l'Ouzbek Alisher Yusupov. "Tactiquement, je l'ai bien maintenu. J'ai un peu de regrets à la sortie parce que je voulais le faire tomber (...) Mais quand on ne peut pas attaquer, on joue les pénalités", a-t-il analysé.
Cette deuxième journée de compétition a également été marquée par le sixième succès à Paris d'Audrey Tcheuméo après ses sacres en 2011, 2015, 2017, 2018 et 2022.