Au bout du suspense et dans un climat d’extrême tension, Lyon a totalement relancé la course au podium. Grâce à sa victoire arrachée à la dernière minute sur la pelouse de Marseille (3-2), dimanche soir en clôture de la 30e journée de Ligue 1, l’OL est revenu à deux points de son adversaire, dont la troisième place ne tient désormais plus qu’à un fil (59 pts pour l’OM, 57 pour l’OL).
Les deux équipes vont désormais s’engager dans une lutte intense, et à distance, pour obtenir la qualification en Ligue des champions (en barrages), un objectif vital économiquement pour eux. A huit journées de la fin, la bagarre (au sens figuré, et non pas au sens propre comme dimanche soir dans les couloirs du Vélodrome…) s’annonce serrée entre les deux Olympiques.
- La dynamique : Lyon totalement relancé, l’OM freiné
"Si on voulait continuer de rêver, il fallait faire un résultat." Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, a poussé un ouf de soulagement après la victoire houleuse de ses protégés en terre marseillaise. Les Lyonnais jouaient en effet leur dernière carte dans la course à la Ligue des champions. Lyon, qui aurait pu définitivement dire adieu à la troisième place en cas de défaite (ils auraient accusé un retard de 8 points sur l’OM), s’est au contraire totalement relancé. "Il nous reste encore huit matches et si nous les jouons comme ça, en équipe, on peut revenir", s’est satisfait Marcelo, le défenseur brésilien de l’OL.
Peu de monde aurait pourtant parié sur un succès lyonnais, trois jours après le traumatisme de l’élimination en huitièmes de finale de la Ligue Europa contre le CSKA Moscou. Depuis plusieurs semaines, l’OL enchaînait les résultats décevants en Ligue 1 et dans les Coupes, avec notamment une défaite sans gloire en quarts de finale de la Coupe de France à Caen (1-0). Avec le succès décroché dimanche, l’horizon lyonnais, sérieusement assombri, s’est éclairci d’un coup.
Le constat est inverse pour les Marseillais. L’OM, qui restait sur trois victoires de rang (deux succès convaincants contre l’Athletic Bilbao en Ligue Europa et à Toulouse en Ligue 1), a encore une fois échoué à battre un membre du top 4 (deux points pris en six matches contre le PSG, Monaco et Lyon). Rudi Garcia, le coach phocéen, refuse pour autant de s’alarmer. "On est toujours troisièmes, on va reprendre notre marche en avant, il ne faut pas tout remettre en cause pour ces dernières secondes", a assuré l’entraîneur marseillais.
- Le calendrier : Nice en arbitre
Rudi Garcia peut au moins se rassurer en regardant le calendrier des huit dernières journées. Les Marseillais bénéficient en effet d’un enchaînement favorable sur le papier, avec essentiellement des matches contre des équipes classées au-delà de la dixième place, contre lesquelles ils réussissent très bien cette saison. L’OM n’a, a priori, que deux rencontres délicates à négocier, contre Montpellier (7e) et Nice (8e), mais à chaque fois devant leur public du Vélodrome. Les Niçois pourraient d’ailleurs endosser le rôle d’arbitre dans la course au podium. Le Gym se rendra en effet à Marseille lors de la 36eme journée, et à Lyon lors de la dernière.
Les Lyonnais ont un calendrier a peu près similaire à celui des Marseillais, avec uniquement Nantes et Nice à affronter parmi les équipes de la première partie du classement. Pour le reste, l’OL jouera Toulouse, Metz, Amiens, Troyes ou encore Strasbourg, tous engagés dans la lutte pour le maintien. Problème : ils ont justement de grosses difficultés face aux "petits". "Il faut qu'on soit capable de rééditer les performances qu'on réalise contre les grosses équipes contre les équipes dites plus faibles, mais je ne veux pas manquer de respect à nos prochains adversaires en disant ça", a reconnu Bruno Genesio, l’entraîneur lyonnais.
Le calendrier des huit dernières journées :
31e : Dijon-OM et Lyon-Toulouse
32e : OM-Montpellier et Metz-Lyon
33e : Troyes-OM et Lyon-Amiens
34e : OM-Lille et Dijon-Lyon
35e : Angers-OM et Lyon-Nantes
36e : OM-Nice et Lyon-Troyes
37e : Guingamp-OM et Strasbourg-Lyon
38e : OM-Amiens et Lyon-Nice
- Le facteur potentiellement décisif : l’OM encore engagé en Ligue Europa
Lyon n’a de toute façon plus que le Championnat à jouer pour sauver sa saison. Les Lyonnais, éliminés de toutes les Coupes, ne peuvent pas se permettre une deuxième saison sans Ligue des champions, sous peine de vivre un état agité en coulisses. "Maintenant, on ne va pas s'épuiser dans les matches du jeudi (référence aux matches de Ligue Europa), il nous reste suffisamment de matches pour reprendre les deux points (de retard)", a espéré Jean-Michel Aulas.
L’OM va, au contraire, devoir gérer une fin de saison très chargée, entre la Ligue 1 et la Ligue Europa. Les Marseillais, qui affronteront le RB Leipzig en quarts de finale (5 et 12 avril), pourraient donc s’épuiser sur la scène européenne, surtout s’ils parviennent à prolonger leur aventure. La trêve internationale (la Ligue 1 s’arrête pendant deux semaines) arrive donc à point nommé. "C'est vrai, nous sommes un peu émoussés à tous les niveaux. La trêve est la bienvenue", a convenu Rudi Garcia. De quoi permettre à l’OM, brutalement arrêté dans sa marche en avant, de recharger les batteries pour la dernière ligne droite.
Notre pronostic : Lyon. L'écart entre les deux équipes est ténu, mais Lyon semble un cran au-dessus de l'OM. Avec le retour de Nabil Fekir, actuellement blessé, les Lyonnais bénéficieront d'une arme offensive de premier choix pour les derniers matches. L'OL n'a, en plus, que la Ligue 1 à jouer. L'OM, encore qualifié en Ligue Europa, va sans doute perdre des plumes sur la scène européenne. Et son effectif, limité quantitativement, pourrait bien lui coûter la troisième place.